Une King Kong Théorie à fleur de peau

King Kong Théorie – Mise en scène : Cécile Backès – Manufacture 21h05

Cécile Backès dirige la Compagnie « Les piétons de la place des fêtes », qui axe son travail sur des propositions de textes modernes et contemporains, à l’attention d’un public versé dans le renouveau littéraire. C’est donc avec évidence qu’elle nous offre, cette année, cette adaptation du texte de Virginie Despentes, icône trash littéraire. Avec comme point de départ sa propre histoire, une femme, seule dans son appartement, qui va peu à peu livrer sa vision de la place des femmes dans notre société, et, plus généralement, mettre en lumière les évolutions nécessaires aux relations entre individus ; un schéma réitéré depuis des générations.

Une femme, seule, apparaît sur le plateau. Look improbable, entre Abba (le groupe suédois) à l’apogée de sa gloire, et Josiane Balasko en femme de ménage souriante. Cécile Backès opte pour un décor quasiment nu, sans artifices, plaçant sa comédienne au centre de tous les regards. L’actrice nous emmène dans le King Kong théorie de la Despentes, en se mettant elle-même à nu. Un effeuillage, au sens propre, qui nous conduit à la substance du texte. Cette oeuvre est du féminisme à l’américaine, assez radical, son écriture en est intelligente et percutante. Despentes doit avant tout son statut d’icône post-punk à « Baise moi », mais « King Kong Théorie » semble tout de même plus convenu. Mais, convenu pour qui, au fait ? Pour des femmes ou des hommes, à leur background, et à leur réflexion sur ce que peuvent être les relations entre individus, sur leur relation au corps ?

Il n’est pas évident que des jeunes filles, à l’orée de leur vie d’adulte, aient eu le temps, l’environnement nécessaires, pour cette interrogation. Cette pièce peut les aider à franchir ce cap d’introspection, leur permettre de développer un regard critique sur le merchandising des corps. Plus généralement, le texte de Virginie Despentes ouvre, également, sur les relations conflictuelles entre individus de tous sexes. Il en devient par là-même universel, lorsqu’il aborde, par exemple, l’évolution, voire la révolution, que doivent opérer les hommes, pour s’extirper de leur statut d’animal dominant, statut qui leur est imposé depuis des générations.

La comédienne Salima Boutebal oscille sans discontinuité entre des effets clownesques, une profondeur évidente, et une simplicité déconcertante. Elle assume son rôle avec finesse et intelligence, nous faisant sourire et réfléchir, en toute liberté, jouant de son corps et des poncifs auxquels nous n’avons pas échappés… Donnant par là-même plus de force au propos, lorsqu’elle nous dévoile ce qui relève de la simple évidence. Une pièce à voir, donc. Une oeuvre que nous vous conseillons de faire découvrir à vos enfants, adolescents ou post-adolescents. Peut-être pas en famille, mais il peut être intéressant qu’une mère, qu’un père, accompagne sa progéniture, pas seulement pour ce rapport au corps, mais peut-être pour s’ajuster aux justes relations qui devraient se tisser entre les individus, dans une société moderne.

P. Salles

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