LE BRUIT DU OFF

lebruitduoff.com – 23 juillet 2021

AVIGNON OFF 2021. « Pucie » – chorégraphié et mis en scène par Julie Botet et Mel Favre – La Factory (Théâtre de L’oulle) à 11h25.

Il était nécessaire, à l’heure de cette ère, d’écrire une œuvre qui mènerait à une réflexion commune sur le sexe féminin. Il est urgent de redéfinir le genre quitte à toucher à sa partie la plus intime. Il faut entendre de ce spectacle la réponse à un contexte douloureux.

Cathartique, l’œuvre engagée vise à soulager, par le fluide provocateur, une audience avide de révolution. Cependant, la proposition peut sembler réductrice frôlant l’essentialisme. « Pucie » s’exprime à travers la corporalité de trois femmes sans soucis de différence. Le sexe serait-il producteur, voir reproducteur, de stigmatisation par la fertilité rendu marqueur social ?

L’aspect technique de l’œuvre pourrait nuire à la transmission d’idées. Le spectateur s’attend à voir la grâce féminine en mouvement aux cotés de sa révolte déchaînée. Dans l’espace qui semble alors restreint l’expression organique semble minimaliste, simpliste. La danse se présente renfermée sur elle-même. Pourtant, le son transcrit avec exactitude le dynamisme d’un duo symbiotique. Chant murmuré puis révolté, gargarisme intérieur, monde extérieur, son étouffé : l’écoute de la mère à l’enfant.

La beauté de l’idée ne suffit pas à satisfaire l’art, la mise en scène doit rendre l’expression claire et vraie. Le spectateur aspire à plus, de l’organisation scénique à la profondeur conceptuelle. Il attend un regard capable d’émouvoir au-delà de la gestuelle clonique.

Ce spectacle veut aborder une thématique particulière, il pourrait tout aussi bien se détacher de cette branche du contemporain qui se câline dans son incompréhension, hermétique à l’expression. Il semble refuser de partager avec le public un message qu’il faudrait épancher.

Criez plus fort, dansez plus grand, ça en vaut la peine.

Etienne Solenn

Photo Bertrand Rey