« APRES COUP » : FEMINICIDE, QUAND TU NOUS TIENS

Lebruitduoff.com – 9 juillet 2023
AVIGNON OFF 23 : Après coup – de Tadrina Hocking et Sandra Colombo, mise en scène Christophe Luthringer – Théâtre des Carmes – du 7 au 26 juillet – 19h25 – durée 1h05 – Relâche 13 et 20.
Elles étaient quatre amies, soudées comme les doigts de la main. Enfin c’est ce qu’elles voulaient croire. Une fois par an elles se retrouvaient dans ce chalet pour quelques jours rien qu’à elles. Cette fois-ci elles ne sont que trois. Belinda n’est plus. C’est pour lui rendre hommage, quelques mois après le décès de leur amie, que Sophie, Magali et Ambre sont là. Chacune a apporté quelque chose en souvenir de Belinda (des chaussures, un vêtement, ses cendres pour les disperser dans ce lieu qu’elle aimait).
Petit à petit on va découvrir l’histoire de Belinda, femme de caractère, morte sous les coups de son compagnon. Pour les trois amies qui restent, depuis 3 mois ce n’est que doute, culpabilité, questionnement. Comment n’ont-elles pas vu ce que leur amie traversait ? Auraient-elles pu éviter ce drame ?
Le texte de Tadrina Hocking et Sandra Colombo aborde avec finesse ce sujet grave qu’est celui des violences faites aux femmes et plus particulièrement les féminicides, toujours trop nombreux dans notre société. Il y a dans ce spectacle beaucoup de tendresse, de l’humour, aucune volonté moralisatrice ni aucun pathos. Seulement poser le sujet au travers du prisme de l’amitié, de la sororité.
Les quatre comédiennes explorent les paradoxes de l’être humain. Ambre (Tadrina Hocking) interpelle par le masque d’insensibilité qu’elle s’impose, par sa fragilité qu’elle cache, par la froideur apparente. Sophie (Aude Roman) est la figure maternelle, celle qui s’était donné pour mission de veiller sur le groupe, celle qui est aussi la seule à être maman, à avoir une vie plus « rangée » avec surtout moins de temps libre. Sophie (Valérie Moinet) est la célibataire qui a réussi sa vie professionnelle, qui ne vit que pour son travail, lequel implique une forte présence sur les réseaux sociaux, au détriment, parfois, de ses relations dans la vraie vie. Pendant ce week-end particulier, elles vont être traversées par des émotions intenses. Il y aura des rires et des pleurs, des moments de complicité et des engueulades. Et il y aura l’ombre, le fantôme de Belinda (Gwenda Guthwasser), ses apparitions, son souvenir bienveillant.
La mise en scène de Christophe Luthringer est dynamique, juste, équilibrée, comme le jeu des quatre comédiennes.
En bref : un spectacle fort qui aborde avec finesse la question des féminicides et de l’impact sur l’entourage.
Christine Eouzan
Photo Lynda Mihoub

































Une merveille de sincérité et de justesse, servie par quatre vraies comédiennes. Texte, mise en scène et interprétation font osciller continuellement entre le rire et les larmes. La gravité du sujet aurait me faire craindre quelque chose de rébarbatif… C’est tout l’inverse qui se passe. Bravo & Merci.
Merci infiniment pour ce cadeau , magnifique cadeau de beauté , de tendresse, d’intensité , de connection, de profondeur…. Un sujet d’une haute importance traité avec une délicatesse infinie. Une respiration collective pour laisser nos émotions nous traverser tranquillement. Le puzzle se reconstitue petit à petit. Je me suis sentie captivée jusqu’au dernier souffle , je n’en ai pas perdu une miette. « Après coup » je reste transportée par ces quatre femmes tellement touchantes qu’elles en sont souvent drôles. Une pièce à voir à plusieurs pour se serrer les uns contre les autres et soutenir nos petits cœurs tout mous. ❤️