LE BRUIT DU OFF

lebruitduoff.com – 12 juillet 2023

Festival Villeneuve en scène : Le Cabaret renversé – compagnie La faux populaire – Clos de l’Abbaye, sous chapiteau, du 10 au 22 juillet, relâche les 13,16 et 20 – Durée : Une heure vingt.

C’est sur la Plaine de l’Abbaye que Villeneuve en scène propose Le cabaret renversé de la cie « La Faux Populaire ». Sous le chapiteau dressé, des tables et des chaises de bistrot, une scène centrale, une piste circulaire, des instruments de musique, des objets hétéroclites et deux artistes, Julien Candy et Juliette Christmann, qui, pendant une heure vingt nous embarquent avec une énergie communicative dans leur univers, entre cirque et cabaret.

Aidés par des convives choisis, ils nous livrent une suite de saynètes quasi sans paroles, mais avec musique. Dans ce cabaret parfois foutraque, on retrouve les grands classiques du cirque, mais d’un cirque à la papa, de numéros un peu surannés, mais exécutés avec une telle sincérité que l’on ne peut qu’adhérer. On tremble avec le lanceur de couteau, on est ébahi par les acrobaties, on rit aux facéties du duo, pris dans cette parenthèse onirique du cirque, c’est un plaisir un peu régressif, comme une madeleine de Proust.

Mais il n’est pas seulement question ici que d’une suite de numéros, fussent ils bien réalisés. Le duo survitaminé interroge cet objet étrange et pourtant si commun qu’est le couple, un homme, une femme, le désir et le plaisir, les rapports de force qui le traversent et qui parfois s’inversent, la violence, consentie, choisie, la domination et son pendant, la soumission. La proximité physique entre les artistes et les convives permet aussi d’interroger le féminin et le masculin ou, en tout cas, ce que nous jugeons sans trop nous poser de question être féminin et masculin, et leur rapport à la brutalité. La mise en scène dynamique et interactive pâtit parfois d’une sorte d’hyperactivité qui brouille le message mais qui, comme un acrobate, finit quand même par retomber sur ses pieds. Alors, traversez le pont et allez vous asseoir sous le chapiteau, buvez votre verre, et laissez vous embarquer.

Isabelle Salles