« LE JOUR OU J’AI COMPRIS QUE LE CIEL ETAIT BLEU » : DE L’AUTISME, UNE BELLE ENTREE EN MATIERE

lebruitduoff.com – 17 juillet 2023
AVIGNON OFF 23. « Le jour où j’ai compris que le ciel était bleu » – Laura Mariani – Le11 Avignon – du 7 au 26 juillet 2023 à 16h40 (durée 1h20), relâche les 13 et 20 juillet.
Une mise en situation éclairante et subtile de l’autisme
A quel point est-on responsable de ses actes en tant qu’autiste ? Quelles sont les conséquences de ce handicap dans la relation aux autres ? Le jour où j’ai compris que le ciel était bleu nous invite à suivre Claire, jeune femme autiste de 22 ans qui vit avec son frère, dans sa chambre d’hôpital où elle attend son procès. Entre deux interrogatoires, elle nous dévoile un peu de son monde et de son histoire. Jamais misérabiliste ni simpliste, la pièce réussit le tour de force de dépasser les clichés de l’autisme sans pour autant en ignorer les conséquences. Dans le rôle principale Pauline Cassan est incroyablement convaincante et touchante. Un spectacle bien construit et documenté qui force la réflexion.
Côté jardin une chambre d’hôpital, côté cour le bureau du juge, de l’avocat ou de la psy. Le décor est efficace, les transitions rapides. Le réalisme est de mise. Le récit est bien maîtrisé, sans temps mort, avec une tension narrative tenue de bout en bout. Le spectateur découvre petit à petit ce qui se cache derrière ce titre mystérieux, la nature et la gravité des accusations portées contre Claire, son histoire, la volonté de participer au concours « To be a star ».
Que se passe-t-il dans la tête de Claire alors qu’elle attend son procès ? L’autrice connait bien son sujet pour avoir travaillé quatre ans avec des autistes et personnes en situation de handicap. Elle décrit avec précision les obsessions, la peur maladive de tout contact, la difficulté d’entrer en relation avec les autres. Loin de s’arrêter au cliché, elle va plus loin : ce rêve obsessionnel de chanter à la télé dans une robe à paillettes est touchant, la possibilité de contact avec l’autre existe quand même, que ce soit avec son frère ou l’infirmier. La terreur de Claire à l’idée de mentir témoigne d’une certaine pureté, et ses messages téléphoniques sur le répondeur de sa mère montrent qu’elle comprend plus de choses que son frère ne le croit. La performance de la comédienne, physiquement transformée, les épaules en boule, est saisissante et contribue à rendre le personnage profondément attachant.
Comment la société intègre-t-elle ce handicap ? La question est effleurée, et fait réfléchir sur des thèmes comme la camisole chimique, évitable, ou la garde par la famille, imparfaite et pas pérenne. La pièce est plutôt centrée sur la richesse du personnage autiste et la beauté même de sa différence. Une belle entrée en matière.
Emmanuelle Picard
































