« FOURMIS », UNE BONNE PIECE SOCIALE, CONCERNANTE

lebruitduoff.com – 18 juillet 2023
AVIGNON OFF 2023. Fourmi(s) – Florian Pâque – Théâtre du Train Bleu.
Rien à voir du tout !
Retour au Train Bleu pour l’auteur Florian Pâque et le comédien Nicolas Schmitt qui nous avaient déjà régalés avec Etienne A (cf. notre portrait de Nicolas Schmitt – BDO – Tribune*) un monologue très social parlant d’une grande plateforme de commandes en ligne, une fiction d’une cruelle réalité…
Là aussi avec Fourmi(s), Florian Pâque poursuit son méticuleux travail d’analyse de notre société et il aborde la question de l’uberisation des emplois, moyens habiles des capitalistes pour asservir ses subordonnés – puisque, c’est bien connu, il n’y a pas de contrat qui lie les personnes avec la plateforme – tout en les laissant croire qu’ils sont leurs propres partons… malins !
De la suite dans les idées aussi, il y en a avec un décor en carton, une mini ville reconstituée qui vient aussi rappeler ce labyrinthe qui entourait Etienne A. Dans ces modestes espaces laissés vides, Florian Pâque qui joue et met en scène à un inventé un vrai parcours qui accompagne parfaitement la dramaturgie de l’histoire.
Nicolas Schmitt reste Antoine, mi naïf mi rêveur et qui tombe dans le panneau de l’argent facile rendu possible par un asservissement certain, travail tout le temps, heures indues, médicaments à outrance pour tenir pendant que Florian incarne le bon ami Jérémy, moins enclin à se laisser piéger, encore que bien sous influence question fourmis et plage de Thaïlande, mais il joue aussi le père, Franck de la plateforme, des clients mécontents ou vomissant, si elle n’accouche pas…
Avec ce texte bref, une mise en scène enlevée, les deux compères arrivent à coller à notre quotidien sans négliger la qualité du jeu et le la langue. C’est souvent drôle et émouvant. Une fresque véridique de la vie des petites gens qui veulent s’en sortir mais qui sont rattrapés par un mécanisme machiavélique qui cherche à faire de plus en plus de profit… Un bon moment passé à réfléchir sur notre enrôlement possible…
Emmanuel Serafini
Photo Cloelia Salvador
































