« BOUCLE D’OR », LE PETIT PRINCE EMPÊCHÉ

AVANT-PREMIERE AVIGNON OFF 24. « Boucle d’Or » – Les soeurs Grimm – Théâtre L’Arrache coeur – du 3 au 21 juillet, 10h05.
Un petit prince, donc, -mais pas celui de St Ex, ne vous y trompez pas-, tout mignon, qui aime chanter, vraiment, mais un poil trop efféminé pour son père le roi, avec ses cheveux longs et blonds et bouclés, of course (bien sûr, surtout pas noirs, bien blonds comme il se doit dans les contes pour bambins…).
Un prince sans royaume, un prince « nu » qui s’ennuie, qui désespère, car on l’empêche de s’exprimer, de chanter, qu’on contraint à une réclusion symbolique dans son corps de garçon, héritier du royaume, tellement peu concerné par ces fastes et obligations de la bien-pensance, du « convenable »… Voilà de quoi méditer sur le genre, l’apparence, la sexualité et tout un tas d’idées bien en résonance avec notre époque…
C’est un conte pour enfants, c’est affiché comme tel et bien assumé. Même si peut-être les adultes ont matière à penser, également. Bien sûr, comme dans tout conte ou presque, tout se terminera bien, après une série de péripéties et de déconvenues.
La manière dont la troupe l’a mis en lumière, en revanche, est plutôt singulière : car il s’agit bien d’un conte musical, servi par trois interprètes de très haut niveau. Musiques baroques, au clavecin, à la flûte traverso ou piccolo, au chant lyrique. Trois musiciennes de haute volée, toutes issues de conservatoires nationaux, avec un pedigree à faire pâlir bon nombre de leurs consoeurs et confrères, et qui nous donnent là un superbe moment de musique, avec un répertoire dont les extraits excellemment interprétés nous font voyager entre Rameau, Debussy, Salieri, Händel, Lully ou Purcell… Bref, du sérieux, (contrairement à beaucoup de spectacles « jeune public » où la musique n’est qu’un décorum mal interprété), une vraie partition servie en majesté par Cécile Turby (clavier), Anaïs Merlin (soprano) et Anaïs Jaudon ( flûtes).
Voilà un très beau moment musical et poétique, à faire voyager petits et grands dans un univers sensuel et féerique, qui n’oublie pas les interrogations centrales, quasi philosophiques, qui nous concernent toutes et tous.
Marc Genovese
































