LE BRUIT DU OFF

Lebruitduoff.com – 9 juillet 2024

AVIGNON OFF 2924. LA BELLE SCENE ST DENIS – 7 – 11 juillet programme 2 – Alvise Sinivia & Mellina Boubetra, Franck Micheletti, Sandrine Lescourant – La Parenthèse.

Lorsque Emmanuelle Jouan, la directrice du Théâtre Louis Aragon de Tremblay en France, prend la parole entourée des artistes de ce deuxième programme de La belle scène St Denis qu’elle dirige et dit son soulagement en ce 8 juillet, les gradins de La parenthèse lui renvoient un tonnerre d’applaudissements… Même si tout reste à faire à cette heure, on est rassuré de ne pas voir le RN accéder à Matignon.

QUI ES TU TOI ?

Alvise Sinivia a souhaité mettre en scène la danseuse Mellina Boubetra dans « En mon for interrieur#1 Mellina » un solo créé à Avignon dans cet écrin de La parenthèse. Un tricot de bandes magnétiques de forme humaine git au sol. Un magnifique révox doré trône à jardin entouré de deux enceintes de la même couleur. Un dialogue intimiste va avoir lieu entre Mellina et les bandes qui passent dans le lecteur du révox. Quelques petites phrases font comprendre qu’un deuil a eu lieu dans l’entourage de Mellina… Introspection pour le moins intimiste qui peine à accrocher l’attention. Mellina est trop timide. L’idée n’est pas encore installée… On espère que les versions à venir vont trouver le chemin du cœur, sinon on va vite s’ennuyer…

DJ FRANCK M

C’est Franck Micheletti aux platines placées près de la scène à cour et la magnifique danseuse Aline Lopes qui prennent la suite avec, là aussi, un solo « Rien de vu n’est à nous » qui permet au chorégraphe de renouer avec une pièce bien plus hip-hop que d’ordinaire. Les bras de la danseuse sont tendus à l’horizontal. Ils font des mouvements saccadés. Aline Lopes est toute en tension mais laxe et sans force. Un geste détendu, presque commis sans effort. Elle se déplace dans le temps et dans l’espace avec justesse. Elle se transforme en danseuse soufie avec la main tendue et le bras à l’équerre. Là aussi, une fragilité dans ce solo qui est néanmoins porté de façon convaincante par la danseuse qui va trouver les moyens, n’en doutons pas, de laisser échapper ses émotions d’autant que la technique est là… Elle sera bigrement bien accompagnée par DJ Franck M qui ressort ses vinyles des placards avec un beat très fourni de sons du monde…

METTRE LE FEU

Sandrine Lescourant et sa team arrivent pour prendre la scène. Le quatuor est en ligne, dos au mur de La parenthèse. La chorégraphe sort pour lancer le son de Memphis Black « War », du bon gros son qui tâche dans les basses. Déjà, on a la pêche. Elles sont quatre pour se placer bien ancrées au sol, bougeant comme des lianes… L’image est belle mais les femmes demandent du répit pour le corps et une musique plus douce. On se passe AFTA1 – Nightlight, c’est cool… « ça sort comme ça sort » des corps et surtout de l’âme. Ces quatre-là, c’est pas du bluff ça se sent ! Ashley, Daphnée, Sonia et Sandrine ne sont pas là pour tricher. Elles communiquent avec le public, font porter la vibe à une spectatrice, improvisent pour elle un slam… Avec des moyens simples et leurs corps, elles disent les mots qui ne sortent pas, racontent le game et la place des femmes dans le hip-hop – bagarre – Elles disent les rêves enfantins et les souvenirs du Roi Lion Mufasa… Chacune à sa manière se met à nu et tente de construire une relation avec le public et ça marche… Cela fini en apothéose. Les gens sont eux aussi aux anges d’être sur la scène. Sandrine Lescourant a réussi son pari de mettre le feu à La parenthèse et « Raw » est bien un moment unique de danse en complicité avec la salle dont « la présence les rassure » et nous aussi.

Emmanuel Serafini