« NANNETTI, LE COLONEL ASTRAL » : GIACOSA, LE SOUFFLE POETIQUE

Lebruitduoff.com – 9 juillet 2024
AVIGNON OFF 24. « Nannetti, le colonel astral » Conception, texte et mise en scène de Gustavo Giacosa au Théâtre des Halles du 29 juin au 21 juillet à 16h30 – durée 1h15.
Impossible pour le BDO de ne pas assister à nouveau à ce moment lunaire et poétique que nous offre Gustavo Giacosa. Passionné d’art brut, c’est au sein de sa compagnie SIC.12 que Gustavo travaille sur l’art brut, le rapport aux mots et aux dessins, l’art dans son ensemble au service du théâtre ou vice et versa. C’est sous la forme d’un triptyque que Gustavo Giacosa met en scène son travail sur ces personnes atypiques mais empreintes d’une immense créativité poétique.
Pour cette deuxième partie du triptyque, Gustavo met en scène Fernando Nannetti, interné dans l’hôpital psychiatrique de Voltera en Italie et qui durant son internement gravait des milieux de mots sur les façades
de l’hôpital. La force de ce spectacle vient surtout de l’approche poétique qu’a su créer Gustavo Giacosa qui ne s’attache pas ici à nous décrire un Fernando Nanneti malade mais bien à nous offrir toute la poésie de ses mots gravés au fil des années d’enfermement. Le seul regret que nous puissions avoir est de ne pas parler italien pour se laisser porter par les mots dans la langues d’origine de Nannetti. Mais alors à quoi bon lire les surtitre alors qu’il suffit parfois de fermer les yeux et se laisser porter par la beauté du flot des mots, épaulés sur scène par la magnifique composition musicale de Fausto Ferraiuolo.
Déja joué dans la grande salle du Théâtre des Halles, le metteur en scène donne cette fois son spectacle dans la salle de la chapelle et le résultat est vraiment bluffant en offrant aux spectateurs une proximité touchante avec cette incarnation de la poésie de Nannetti qu’offre Gustavo Giacosa. Le corps du comédien se tord en même temps que Nannetti tord les mots et le sens. Gustavo Giacosa semble parfois à la limite de défier les lois de la gravité mais sans pirouette circassienne, juste avec ce souffle poétique qui lui permet presque d’être au delà de la physique qui régit la vie de tous les mortels. Mais les poètes ne sont-ils pas immortels ?
Un spectacle exigeant qui donne ses lettres de noblesse à un Off manquant souvent d’inspiration et d’audace. Tel n’est pas le cas ici.
Pierre Salles

































Vu dès le 30/06 . Le cas Fernando Nanneti est très intéressant : un de ces « fous » touchés par la grâce qui , dans son cas , réalise des pétroglyphes sur les murs de son hôpital et bâtit ainsi une œuvre mystérieuse et fascinante . Le comédien porte le spectacle en parfaite harmonie avec un musicien qui rythme le texte . Les surtitrages ne sont pas un obstacle , c’est comme suivre un film en VO STF . Je pense que le texte est quand même nécessaire pour entrer dans la psyché de ce colonel céleste . Mais est ce pour autant une œuvre majeure ? Je ne le pense pas . Le cas Nannetti restera dans l’histoire de la psychiatrie pour sa spécificité , mais la pièce ne restera pas forcément comme une œuvre majeure à voir absolument . C’est mon modeste avis.