LE BRUIT DU OFF

Lebruitduoff.com – 16 juillet 2024

AVIGNON OFF 24. « Les meutes » – Écriture et mise en scène : Éloïse Mercier – A la manufacture du 04 au 21 Juillet à 12h20.

Nous avions découvert l’univers d’Éloïse Mercier en 2019 dans une version courte, puis en 2021 dans la version définitive avec « Une goutte d’eau dans un nuage » et là encore, la metteure en scène offre ses murmures au public avignonnais avec « Les meutes ».

Étrange comme les deux pièces sont assez lointaines si l’on se réfère au pitch et pourtant très proches dans leur construction et leur écriture. Difficile de ne pas y retrouver la patte d’Eloïse Mercier en dentellière du Off qui, par petites touches, par de simples allusions parvient à créer cette vie de couple faite de compromis et de désillusion. Alors que la passion naissait de la jungle et de sa moiteur dans « ‘Une goutte d’eau .. », c’est encore au cœur de la forêt que se réfugie Lou, cette jeune femme en proie aux doutes face une vie en construction qui finalement ne lui ressemble guère, un futur mari, passionné et passionnant au début de leur rencontre mais qui au fil du temps écrase Lou et lui impose sa famille, sa meute.

« Il était une fois et il n’était pas… » nous dit Éloïse Mercier et peu à peu, au gré des minutes qui s’écoulent, le public comprend que l’autrice brouille les cartes du conte qui se joue sous nos yeux. Sur scène, pas de superflu, un canapé, seul décor lié à l’intimité du couple et en fond de scène quelques arbres qui, par un jeu astucieux de lumières et vidéos, deviennent une forêt inquiétante ou apaisante. Éloïse Mercier et Gautier Boxebeld donnent vie sous nos yeux à la passion puis au doute de ce couple pourtant tout juste en construction et à ce moment perceptible où l’autre commence à douter et se dit que son propre univers va s’effondrer, avalé par le désir d’inclusion de son futur conjoint à moins que ne soit elle qui dévore tout sur son passage.

Une fois encore Éloïse Mercier livre son univers fait de petits riens, de non-dits et de chuchotements, qui parviennent à nous montrer un tout, un monde à elle où pourtant chacun peut se retrouver avec ses fêlures, ses doutes et ses angoisses. Un monde à la fois apaisant et oppressant, la vie en quelque sorte, celle qui est au-delà des apparences.

Pierre Salles

Photo Vincent Béranger