LE BRUIT DU OFF

Lebruitduoff.com – 12 juillet 2025

AVIGNON OFF 25. « Holden » de Guillaume Lavenant – Conception et M.E.S. Marilyn Leray – La Manufacture – 14h50. Durée 1h05 – Jusqu’au 21 juillet (jours impairs). Relâche le 17.

Dans le noir du début l’aboiement d’un chien au lointain. Puis elle est là Lola. Une ado qui préfère qu’on l’appelle Holden. Holden héros de « L’Attrappe-coeurs » de J.D Salinger.

Un bout de zone. Palettes, plastique, cartons c’est moche c’est triste. Elle attend, elle s’ennuie alors elle dit des morceaux de sa vie. D’elle et des autres, le grand-père, Monsieur Rondeau le psy « qui disait pas que des conneries », Robert Burns le poète, Madame Antonino… Et les séquences s’enchaînent. Comme au ciné. Son film à elle. Son attrape – cœurs à elle. Parfois c’est drôle. Ou cocasse. Ou grave.

Elle parle vite Lola. Mégane Ferrat lui met de la musique dans la voix. Et parfois du brouillard dans le regard. Et Lola – Holden bravache nous paraît tout à coup si fragile. Elle enchante le beau texte de Guillaume Lavenant comme un enfant trop grave. Elle va vite. Comme si ses pensées étaient trop nombreuses. Comme si elle n’aurait pas le temps de tout dire. Ou pour conjurer une colère sourde. « J’ai toujours eu ce truc de voir rouge. Être en colère, ça vous évite d’être triste. » Tout dire d’un trait. Tout dire et s’enfuir.

Et puis il y a la musique. Pas Phil Collins. Non Phil Collins c’est le nom qu’elle donne à son couteau. Un canif qui revient de temps en temps pour lacérer le temps. Couper dans le vif. Et Luce, oui c’est ça, elle attend Luce pour partir en bateau vers d’improbables horizons. Viendra pas Luce.

La musique de Rachel Langlais qui vient, par séquences là aussi, tout submerger. Tout nettoyer. Qui dure aussi parfois. Comme une sirène de cargo perdu dans la brume. Une longue litanie musicale, un chant d’abandon le temps que Lola – Holden se perde dans ses rêves. Ses murmures. Ou ses cris intérieurs. Parce que « Faire semblant de mourir ça demande beaucoup d’énergie. » Est-ce qu’elle est folle Lola ? Est-ce qu’il est fou Holden ? Holden « aperçoit des canards dans le ciel. Il s’assied sur la butte et regarde les champs devant lui. New York est partout. Lola est partie. »

Arthur Lefebvre

 À noter que la même compagnie propose un autre spectacle les jours pairs : « LAST DAYS » Jusqu’au 22 juillet les jours pairs – 14h50 – durée 45 mn. Marilyn Leray / Nicolas Lafourest : Une traversée de la seconde partie du roman « Le bruit et la fureur » de William Faulkner. Aussi beau. Aussi sensible. Les mots et la musique. Un trait de lumière.