« ART.353 DU CODE PENAL » : DU BON THEÂTRE, EN NOTRE INTIME CONVICTION…

Lebruitduoff.com – 13 juillet 2025

AVIGNON OFF 2025. « Art. 353 du code pénal » – d’après le roman de Tanguy Viel – adaptation et mise en scène d’Emmanuel Noblet – Le 11 Avignon – Du 5 au 24 juillet 2025 – 21h45 – durée 1h35 – Relâche 11 et 18 juillet.

Justice ou injustice ?

Deux hommes sur un ce qui pourrait être un chantier. L’un est juge, l’autre Martial Kermeur, un possible inculpé. De cette première confrontation dépendra le chef d’inculpation qui sera retenu. Kermeur ne nie pas les faits pour lesquels il a été arrêté : il a bien jeté à la mer l’escroc qui l’a ruiné. Pendant 90 minutes il va raconter au juge la généalogie de ce geste, ce qui l’a amené à ce jour.

Emmanuel Noblet porte à la scène le roman de Tanguy Viel. Pour décor, il choisit de porter cette confrontation sur les lieux non pas du crime mais du chantier qui est au cœur de cette affaire. Bien moins impersonnel qu’un austère bureau de juge. Plus humain. Car c’est là que se situe cette histoire : du côté de l’humanité.

Pendant quasiment toute la confrontation, le juge se fait taiseux face à Kermeur. Comme une inversion des rôles. Car le taiseux, c’est bien cet homme, brisé, devenu meurtrier parce qu’il ne supporte plus la honte, l’humiliation, parce qu’il s’en veut et se sent dépassé par la vengeance exercée par son fils. Cet homme simple, qui d’habitude se tait, qui ne pense pas avoir les mots, va se livrer pudiquement, avec tout le bon sens que la vie lui a donné, avec le cœur. Le juge se fait discret, à l’écoute, laissant le champ libre à celui qui se livre, qui a trop longtemps gardé en lui cette soif de justice.

L’écriture est belle, si belle. L’auteur ne fait pas seulement un portrait psychologique. C’est aussi une analyse politique et une étude sociologique. Il démontre avec brio les mécanismes de la manipulation.

La mise en scène est sobre mais puissante. La scénographie fait aussi dans la simplicité, avec ce bout de mur jamais achevé, un fauteuil sobre pour seul mobilier du juge, et en fond de scène la mer, la presqu’île comme l’ombre de ce projet immobilier au cœur de cette histoire.

Quant à l’interprétation de Vincent Garanger, elle est magistrale. D’abord tassé sur lui-même, tête baissée lorsqu’il commence à s’adresser au juge, il va se libérer par la parole, se redresser, non pas par arrogance mais comme un homme qui retrouve son humanité. Tout en pudeur, sans jamais être en force, il incarne toute la vulnérabilité et l’intensité de son personnage.

Au fait, l’article 353 du code de procédure pénale traite de la question de l’intime conviction.

Vincent Garanger a été nommé aux Molières 2025 du comédien dans un spectacle du théâtre public, et est lauréat du prix de la critique 2025 dans la catégorie meilleur comédien.

En bref : un grand texte sur le besoin de justice, porté par un très grand acteur touché par la grâce.

Christine Eouzan

Distribution : avec Vincent Garanger et Emmanuel Noblet, scénographie Alain Lagarde, Lumières Vyra Stefonova, Son Sébastien Trouvé, Vidéo Pierre Martin, Costumes Noé Quilichini

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