AU GIRASOLE, UN « ZOOM » EN TECHNICOLOR

Lebruitduoff.com – 13 juillet 2025

AVIGNON OFF 2025. Zoom – Pamela Ravassard – Théâtre du Girasole 10h. – Relâche les mardis.

La lumière s’éteint à peine que déjà les applaudissements fusent. L’émotion du public est palpable devant cette histoire poignante d’une mère célibataire défavorisée qui aime son fils d’un amour démesuré. Pamela Ravassard est une actrice exceptionnelle, un caméléon qui convoque efficacement tous les personnages de l’histoire de cette fille mère. Elle signe aussi une mise en scène en « technicolor », vivante, musicalement habitée, en mouvement. Le texte est ciselé, avec un suspense qui tient en haleine de bout en bout. La peinture sociale est fine, sans jugement, et renvoie chacun à son histoire familiale. Un grand moment d’émotion.

Une femme, « la mère du Burt » attend au milieu de chaises scolaires le début d’une réunion parents profs. Bizarrement la salle est vide. Le prof principal se fait attendre. Elle se lance dans le récit de sa vie, avec une série de flashbacks…

Le plateau est bordé d’ampoules lumineuses, comme une piste de stars. Des cloisons vitrées en fond de scène, et puis les chaises. La mère de Burt est habillée en rose, cheveux tirés et trop maquillée, assurément issue d’un milieu populaire. Elle rit trop fort, à contretemps. Son accent du Doubs est aussi un marqueur social. Pamela Ravassard en use, et s’arrête pour se muer en proviseur, séducteur ou avocat. Son jeu est très physique, sa posture décrit les rapports de force en un instant. Elle chante aussi, convoque l’émotion avec Nina Simone notamment (Ain’t go). La mise en scène est travaillée au millimètre, elle nous transporte sous la pluie, dans la rue, ou dans l’infinie tristesse des larmes.

Gilles Granouillet signe un texte très bien construit, où l’histoire ne cesse de rebondir. Le spectateur essaie de recoller les morceaux, de deviner le destin du fils comme celui de la mère, les fausses pistes sont nombreuses jusqu’au dénouement. La peinture sociale est saisissante : le déterminisme de classe, les modèles qui se répètent, les travailleurs sociaux impuissants à casser les schémas, les étiquettes, les « boites en carton » où chacun est bien rangé.

Comment blâmer cette mère de vouloir extirper son fils de ce déterminisme social ? L’infini de son amour maternel l’emmène très loin, trop loin. Elle projette ses rêves de grandeur, son ambition, sans même écouter son fils. Avec une lucidité que ses ricanements de gêne ne laissaient pas soupçonner, elle analyse très bien la situation a posteriori. Son histoire change le regard sur l’obésité et la violence à l’école.

Zoom offre un changement de perspective rare et précieux sur le déterminisme social et la résilience. Une très belle pièce et une performance d’actrice à découvrir.

Emmanuelle Picard

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