« EN ATTENDANT GODOT » : DU GRAND OSINSKI

Lebruitduoff.com – 13 juillet 2025

AVIGNON OFF 25. « En attendant Godot » de Samuel Beckett sur une mise en scène de Jacques Osinski – Théâtre des Halles du 5 au 26 Juillet à 21h – durée : 2h15 – relâche les 9, 16 et 23 juillet

C’est encore une fois au Théâtre des Halles, et pour notre plus grand bonheur, que le metteur en scène Jacques Osinski revient sur l’œuvre de Beckett avec l’un de ses textes les plus connus. Nul besoin de pitch ici puisque n’importe quel spectateur qui aime un tant soit peu le théâtre connaît l’intrigue, Estragon et Vladimir attendent inlassablement Godot qui ne viendra jamais. Pourquoi attendent-ils ? Qu’attendent-ils exactement ? Qui est Godot ? Est-il réel ? Samuel Beckett ne donne pas de réponse directe et Jacques Osinski se garde bien d’expliquer frontalement ce qu’à voulu dire l’auteur. Mais chacun peut aisément s’imaginer que cette attente et l’immobilisme de ces deux hommes représentent autre chose qu’un simple rendez-vous.

Sur scène Jacques Osinski est allé à l’essentiel, un vieil arbre décharné et un rocher font office de décor. Nous découvrons Estragon et Vladimir, l’un sur sa pierre, l’autre droit comme l’arbre. Beckett ancre son théâtre absurde dans une réalité charnelle et tout est là, tout apparaît en quelques secondes, le minéral, le végétal, l’animal et la souffrance d’un Estragon souffrant abominablement de ses pieds. L’époque est indéfinie, comme souvent chez Beckett, le corps est important et ce corps omniprésent est formidablement incarné par un Denis Lavant au sommet de son art, ami de toujours de Jacques Osinski. Denis Lavant semble toujours avec plus d’évidence fait pour ce type de rôle, l’absurde et le destin lui vont à merveille mais cet indéniable talent lui permet aussi de ne pas occulter celui de ses compagnons de scène Jacques Bonnaffé (Vladimir), Jean-François Lapalus (Lucky), et Aurélien Recoing (Pozzo). Ces quatre comédiens sous la houlette de Jacques Osinski nous offrent tout ce que l’on peut espérer d’un Beckett, l’absurde, l’humour noir, cette impression de spirale qui entraîne le spectateur dans cette histoire sans fin.

Jacques Osinski donne néanmoins quelques pistes sur sa propre interprétation d’une pièce offrant une multitude de possibilités. Le metteur en scène, se basant sur le travail de Pierre Temkine peut laisser à penser à une période de guerre, un moment de chaos durant lequel nos deux protagonistes attendent leur destin au travers d’un Godot qui ne viendra jamais les sortir de cet immobilisme forcé.

Après avoir présenté « Cap au pire », « L’image », « La dernière bande » et « Fin de partie », Jacques Osinski semble vouloir terminer un cycle avec l’un de textes les plus emblématiques de Beckett. C’est entouré de fidèles et de magnifiques comédiens qu’il y parvient de la plus belle des manières.

Pierre Salles

Photo Pierre Grosbois

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