« ROBERTO ZUCCO » : UNE EXPLOSION D’ENERGIE VIOLENTE, FASCINANTE, INTRIGANTE

Lebruiduoff.com – 16 juillet 2025

AVIGNON OFF 25. « Roberto Zucco », de Bernard-Marie Koltès – mise en scène Rose Noël – au Théâtre du Girasole du 5 au 26 août 2025 à 22h30 (durée 1h30), relâche les mardis.

Dès l’entrée en salle, la pièce s’annonce intense. Des spectateurs sont invités à aller danser sur le plateau tandis que le public s’installe dans une ambiance rouge de boite de nuit. Ce Roberto Zucco a une énergie folle, ancrée dans notre monde. Bernard-Marie Koltès a écrit la pièce à partir d’un fait divers, la cavale d’un tueur en série recherché dans les années 60. Rose Noël s’empare du récit avec une troupe d’artistes brillants et une vraie « gueule » dans le rôle principal du tueur au charme fou. La musique crée des ambiances, appuie sur le contexte italien. La mise en scène regorge de trouvailles. La pièce ne cesse d’interroger : quel est le sens des crimes de Roberto Zucco ? Où est la violence finalement ? Pourquoi ? Une grande mise en scène très physique pour un texte puissant et troublant.

Le jeune et séduisant Roberto Zucco s’évade de la prison où il est enfermé pour avoir tué son père. Il se lance dans une cavale effrénée, semée de rencontres qui le révèlent, véritable chemin de croix…

Le plateau est vide, quelques accessoires (table, chaises) s’inviteront plus tard. Les deux musiciens sont en fond de scène. La voix chantée est sublime, le violon, la guitare et les percussions créent des atmosphères puissantes. La mise en scène est particulièrement inventive. Le théâtre entier sert de terrain de jeu, des portes d’accès aux escaliers en passant par la structure. Le prélude de l’accueil avec la danse permet d’ancrer la rencontre de Roberto Zucco avec la gamine, un véritable coup de foudre électrique qui passe par les corps. La scène de séduction sous la table, avec les oiseaux projetés en ombres chinoises est magnifique. Les traces de chaque rencontre de Roberto Zucco sont symbolisées par des vêtements accrochés en fond de scène, qui hantent le spectateur jusqu’à la fin. Quant à la scène finale, l’image du « héros » au sens des mythes antiques, enfermé dans sa cage et rêvant de liberté est tout aussi puissante.

Le personnage de Roberto Zucco est magnifiquement incarné par Axel Granberger. Grand, blond, les yeux bleus, une gueule d’ange avec les yeux un peu exorbités. Peu importe qu’il soit couvert de sang la moitié de la pièce, il fascine et séduit. Pas étonnant que la « gamine » tombe pour lui. Il court, escalade, et déploie une énergie folle pendant toute la durée du spectacle. Les actrices, dans les rôles de la mère et de la gamine notamment, ne sont pas en reste, et incarnent l’ambiguïté de leurs personnages, à la fois attirées et dégoûtées par Roberto Zucco, avec brio.

Si la violence des crimes de Roberto Zucco choque, celle de la société envers les femmes est aussi troublante. La « gamine » semble être en prison entre son frère et sa sœur avant que Roberto n’arrive. Sa « vente » dans le quartier du Petit Chicago est répugnante. La dame aisée malmenée par son mari n’est pas plus heureuse. Quant à l’amour, qu’il soit filial, fraternel, marital ou spontané, il semble systématiquement voué à l’échec.

Voilà un Roberto Zucco d’anthologie, fait de choix, d’incarnation et mouvement qui le rendent explosif. A ne pas manquer.

Emmanuelle Picard

Photo Artcena

Attention, nos commentaires sont modérés : pas d'auto-promo ou de pub déguisée, ça ne passera pas. Pas plus bien sûr que les insultes. Merci.

  • J’Y VAIS / JE FUIS

  • mots-clefs / tags

    AFC Avignon 2012 Avignon Festival Off avignon Le Off avignonleoff avignonleoff.com Avignon Off Avignon Off 2011 Avignon Off 2012 Avignon Off 2013 Avignon OFF 2015 Avignon Off 2016 Avignon OFF 2017 AVIGNON OFF 2018 AVIGNON OFF 2019 Avignon OFF 2021 AVIGNON OFF 2022 AVIGNON OFF 2023 AVIGNON OFF 2025 Festival d'Avignon Festival d'Avignon 2011 Festival Off d'Avignon Off 2011 Off 2012 Théâtre
  • Chercher par artiste ou catégorie