« 3 QUESTIONS A… » LA COMPAGNIE TAXI-BROUSSE POUR « L’UTOPIE DES ARBRES » ET « LE PARADOXE DE L’ENDIVE »

INTERVIEW. 3 questions à Alexis Louis-Lucas, auteur, comédien et directeur artistique de la Cie Taxi Brousse, qui présente « L’Utopie des arbres » et « Le Paradoxe de l’endive » au Théâtre L’Entrepôt.
Le Bruit du Off : – Comment définiriez-vous votre travail ? « L’Utopie des arbres » et « Le paradoxe de l’endive » constituent une continuité et une « marque de fabrique » propre à la compagnie Taxi-Brousse. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce qui les définit et en quoi sont-ils représentatifs de votre travail ?
Alexis Louis-Lucas : – « L’utopie des arbres » et « Le paradoxe de l’endive » font suite à une série de créations qui ont été marquées par la condition humaine, « Métallos et dégraisseurs « comment calmer Mr Bracke »…. Mais dans ces deux dernières créations, un élément nouveau apparaît : la transmission. Au travers de ces deux textes Alexis Louis-Lucas évoque la place de chacun dans le monde et parmi les autres. Mais aussi comment ce monde et ces autres qui peuplent la terre nous enseignent et nous aident à trouver notre place. Ces deux derniers spectacles sont des « seuls en scène ». C’est nouveau pour la compagnie qui a toujours travaillé en collectif, en troupe, voire en troupeau. mais rien n’est figé, les créations de demain trouveront peut être d’autres formes, d’autres ressorts.
Une chose est sûre : la matière humaine, avec tout ce qui la caractérise de force, de génie mais aussi de connerie et de bellicisme, seront passés au tamis de l’écriture d’Alexis Louis-Lucas, avec cet humour, ce sens de la dérision et cette malice qui touchent le public.
– Vous redonnez cette année ces deux spectacles à Avignon, que vous aviez déjà joués dans des Off précédents. Est-ce une volonté délibérée de les présenter à nouveau au Off pour amener un public différent à la découverte de votre travail ?
– « L’utopie des arbres » et « Le paradoxe de l’endive » ont beaucoup tourné et se sont joués plusieurs fois à Avignon, mais pour la première fois ils sont présentés l’un en écho de l’autre. Au-delà du challenge que cela représente pour la compagnie Taxi Brousse et le comédien, l’intérêt est certain pour le public d’assister s’il le souhaite à l’un et à l’autre.
« Le seul en scène m’apparaît comme un moyen extrêmement direct de m’adresser aux gens tout en restant fermement ancré dans le théâtre. (Personnages, mise en scène, travail corporel, travail de voix…..) c’est la marque de fabrique de la Cie… pour l’instant ! »
– Le Off est devenu un immense marché capitalistique, à l’exact opposé de ce qu’avait rêvé son fondateur André Benedetto, qui l’avait imaginé comme un contre-courant alternatif au théâtre qu’il jugeait « bourgeois » et « élitaire » du IN. Que pensez-vous de cette « évolution » de ce Off qui a muté en super foire au fric et aux opportunismes ? Et comment vous positionnez-vous -politiquement ou simplement en tant qu’artistes- face à ce constat accablant ?
j’ai fait mon premier off en 1990, à l’époque il y avait à peu près 700 spectacles par jour, tout le monde en était atterré… 35 ans plus tard, 1750 spectacles sont joués tous les jours ! Sidérant !
Le festival d’Avignon est parfaitement significatif de ce que le monde vit et de la façon dont il évolue. Le OFF comme le IN sont à l’image du libéralisme effréné qui gouverne le monde aujourd’hui, et tout le monde y participe de façon démesurée : les loueurs de lieux, les loueurs d’hébergements, la presse, le Off et bien sûr, les artistes eux-mêmes.
Je dois être honnête : en tant qu’artiste, personne ne m’oblige à participer à cette gigantesque foire, mais comme tout le monde, je m’y sens contraint si je veux montrer mon travail aux professionnels, aux programmateurs et aux institutions pour que le spectacle reste bel et bien vivant !
Propos recueillis par Marc Roudier
Photo Louise Mar
































