« L’ÉTRANGÈRE » : UNE REVISITE FÉMINISTE ET MALINE DE L’UNIVERS DE CAMUS
Posted by redaction on 23 juillet 2025 · Laissez un commentaire

Lebruitduoff.com – 23 juillet 2025
AVIGNON OFF 2025. « L’Etrangère » – m.e.s. Jean-Baptiste Barbuscia – avec Marion Bajot et Fabrice Lebert – Théâtre du Balcon à 13h30 – Relâches les jeudis.
Il faut un certain culot pour adapter le grand roman de Camus au Théâtre, ou une certaine inconscience. En tout cas il faut en avoir, comme disait ailleurs Hemingway… D’autant que le metteur en scène n’a surtout pas repris le texte originel -et ça c’est malin- mais a construit sa pièce autour de la grande absente du roman -ou quasi- , la « fiancée » de Meursault, Marie Cardona… C’est couillu, et encore une fois très malin, puisque bien dans l’air du temps #me.too…
Jean-Baptiste Barbuscia a fait de sa pièce une enquête littéraire, qui tente de dénouer les fils qui relient Marie à Meursault, cet éternel étranger : étranger à la mort de sa mère, étranger à l’amour, étranger à la vie…
Le pitch donc : une étudiante passionnée et militante, dont la présence au cours de son professeur est semble t-il vital pour lui… et pour elle, grande admiratrice de l’écrivain. Sur la suggestion de Marie, qui veut renommer L’Etranger en y rajoutant le E féminin, ils partent alors en quête d’une vérité qui serait en sous texte de l’oeuvre de Camus… Une théorie intéressante mais qui reste une théorie…
Cette longue enquête les conduit à triturer le texte de L’Etranger pour tenter d’en exhumer les non-dits. Un travail à la Sherlock qui conduit la militante féministe Marie -incarnée par la puissante Marion Bajot, une belle présence – à sans cesse titiller son professeur de ses propres convictions, embarquant le texte de Camus dans des méandres idéologiques supposément occultés, que l’original ne possède certainement pas… Faisant de la maîtresse de Meursault (maîtresse qu’il ne voudra jamais marier) une héroïne très contemporaine, cette vision singulière instille cependant le doute dans nos esprits… Et si tout cela n’était pas en définitive qu’une simple fiction provenant du cerveau bouillonnant de la jeune étudiante ?
En plongeant dans ce questionnement à tiroirs autour du chef-d’oeuvre de Camus, cette pièce nous invite à réfléchir à notre rapport passionnel et très intime aux grandes oeuvres littéraires. Encore un truc malin, on vous le répète…
« L’Etrangère » est du bon théâtre fictionnel et concernant, rondement conduit. Un vrai voyage dans l’univers passionnant de la littérature de haut-vol.
Marc Roudier

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