les couteaux dans le dos

Les couteaux dans le dos, les ailes dans la gueule / Compagnie Le Dilettante

Voici un petit bijou décalé, un objet narratif contemporain sans être indigeste, servi par une belle réalisation : texte costaud, distribution efficace, mise en scène juste, scéno et lumières dépouillées. Une pièce courte, enlevée, assez curieuse et très proche de l’univers de Tati, qui renoue avec le plaisir simple du théâtre.

C’est une comédie, un huis-clos au quotidien, quelques personnages très ordinaires, deux ou trois tables, un décor domestique et anodin. Sur un texte assez contemporain de Pierre Notte (soutenu par la SACD), usant de quelques tics avant-gardistes de la nouvelle poésie (réitérations, come-back, cut-ups), cette pièce grinçante met en mouvement les trois fois rien de l’existence. On décèle une narration, ou en tout cas ce qui s’en rapproche, mais ce n’est guère important : embrouilles domestiques ou conjugales, rêves d’amour, petites chansons de cabaret et une successions de sketches surréalisants entraînent le spectateur dans un jeu agréable, d’autant qu’il se passe pas mal de choses au plan visuel.

L’esthétique, elle, se rapproche de celle des Deschiens, avec un côté absurde très proche de Jacques Tati et de Buster Keaton. On rit aussi, ce qui n’est pas si mal, malgré le découpage du texte parfois abscons et quelques longueurs de mise-en-scène. Parfois certains dialogues évoquent un Devos, et c’est plutôt un compliment. La belle pâte de mots, pour paraphraser un poète, Christophe Tarkos, que Pierre Note doit aimer aussi, est bien servie par la metteuse Emmanuelle Bougerol, qui signe là d’ailleurs sa première mise-en-scène. Sobre, dépouillée, efficace, à l’image du jeu des acteurs et de la scénographie. Question costumes et accessoires, c’est l’univers seventies HLM qui est évoqué, avec ses improbables fringues et son décor douteux de banlieue propre.

C’est donc une jolie comédie contemporaine, absurde et grinçante, bien apprêtée, réalisée carrée, sans artifice ni inutilités. Cela donne un univers unique, qui développe sa propre petite musique, un truc dont on se souvient en sortant et bien longtemps après, ce qui, en soi, est plutôt bon signe. On attendra donc leur prochaine création, souhaitant qu’ils montent un texte de la même qualité. On aimerait bien que tous les dilettantes soient aussi créatifs.

M.R. (off 2007)

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