QUOI DIRE DE PLUS DU COQ ? : AVIGNON OFF 2012 (AVANT-PREMIERE)
AVANT-PREMIERE : Quoi dire de plus du Coq ? par Le collectif Ip&co à la Fabrik Théâtre.
L’exercice n’est jamais évident : le théâtre-concert est un genre particulier, souvent casse-gueule. Le collectif Ip&co emmené par Isabelle Provendier (ex compagnie des Ouvriers), a réussi son coup : Quoi dire de plus du coq ? est un drôle d’objet hybride, plutôt bien balancé, et l’excellent groupe Mina May qui accompagne live cette expérience théâtrale n’y est pas pour rien.
Partie d’un texte de Xavier Durringer qu’elle a complètement réadapté et largement recoupé, la metteuse et comédienne Isabelle Provendier a construit un petit univers très particulier. Cette typologie singulière trouve toute sa force dans l’extrême dénuement de ces fragments de monologues et de quelques dialogues épars, cousus ensemble autour du vague prétexte d’histoires de couples où fidélité/infidélité, vanité du coq/vacuité de la poule, sont la matière ductile de l’exercice. Ce dépouillement, ces presque riens des mots, ces bribes de texte font beaucoup pour l’étrangeté réjouissante qui baigne toute l’aventure. Isabelle Provendier rêve d’un théâtre sans mots ou presque, construit uniquement autour du geste, de l’image et de la musique, et cette ambition transpire de la plus jolie manière.
Ici il y a du spectacle, mais rien de spectaculaire. La tension du jeu entre la comédienne Provendier, excellente dans sa peau de femme(s) désabusée(s), et son partenaire Jean-Louis Gauthier, dans le rôle des hommes, répond parfaitement à l’énergie mélodique dégagée par le groupe Mina May, dont le chanteur excelle dans le registre très rock new-yorkais, mâtiné des expériences du Velvet ou de Jim Morrisson. La mise en scène minimale, sans gras ni effets, cadre parfaitement ce truc très rock n’roll, un tantinet déjanté, qui n’assène rien, ne délivre aucun message, mais laisse le spectateur dans l’expectative : une élégance de metteur en scène qui réussit là un objet polymorphe ouvert aux interprétations.
C’est l’intérêt et la grande qualité de cet Ovni improbable, mariage du coq et du lapin, que d’ouvrir toutes les perspectives et assumer son étrangeté poétique, sans jamais prendre le spectateur pour un imbécile, ni comme un simple avaleur d’histoires à tourner en rond. L’alchimie prend de la meilleure des façons entre les comédiens, les musiciens et le public, troisième personnage de cette aventure dont on attend qu’il participe à sa manière et qui, en effet, répond présent.
Isabelle Provendier est coutumière de ces aventures-là, sa bio en atteste. Toujours à l’affût de formes nouvelles, avide d’expériences limites notamment avec la Compagnie des Ouvriers de Thierry Alcaraz, elle a toujours su se remettre en question en permanence. C’est là sa force et un signe réjouissant d’excellente santé artistique.
Marc Roudier
A la Fabrik Théâtre du 7 au 15 juillet à 11h. Relâche les 10, 12 & 14.
Quoi dire de plus du coq ? / mise en scène Isabelle Provendier / musiques Mina May / s’est joué au Théâtre des Doms à Avignon le 17 novembre 2011. Contacts : http://compagnie-des-ouvriers.skyrock.com/
LABEL OFF ® : spectacle recommandé par lebruitduoff.com.
Photo Gaelle Fabre
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le spectacle se joue jusqu’au 15 juillet inclus. merci beaucoup
isabelle Provendier