VILLA OLGA : LA SECONDE SURPRISE DE l’AMOUR N’AURA PAS LIEU
VILLENEUVE EN SCENE : Villa Olga / mes : Alexandra Tobelaim / Compagnie Tandaim / Villeneuve en scène – Cour du Moulin à huile 21h00
Après «La seconde surprise de l’Amour», jouée à Villeneuve en scène l’an dernier, la compagnie Tandaim propose cette année une pièce «sur commande». L’auteure, Catherine Zambon, a écrit pour cette troupe un polar déjanté façon vaudeville aux codes amoureux chamboulés. L’Amour, toujours l’Amour…
Décor de villa balnéaire vert pomme, acidulé. Un improbable homme grenouille, tout d’orange vêtu et d’immenses palmes noires aux pieds, sort du cadre de verdure entourant la cour du Moulin à huile et s’approche avec difficulté de la villa Olga. Nous serons donc dans l’eau le temps d’un spectacle. Détective corse de son état, l’homme grenouille travaille pour le propriétaire des lieux, Russe rageur et jaloux de sa femme qu’il fait suivre afin de se prouver son infidélité. Suivra un faux méchant, pas si méchant que ça, une malédiction et une multitude de quiproquos, classiques des vaudevilles.
Catherine Zambon a adroitement repris tous les codes des vaudevilles : quiproquos, portes qui claquent, voix hautes, pleurs et rires. Alexandra Tobelaim se les réapproprie en tentant de chacun les bousculer. D’une part en cassant les codes de «bonnes conduites», d’autre part en forçant une touche BD, couleur et scénographie limite « Tintin sous acide ».
Les acteurs, ne ménageant jamais leur peine, s’en donnent visiblement à cœur joie, mais cela nous semble insuffisant pour entraîner le spectateur dans le tourbillon post-vaudevillesque escompté. Les répliques font mouche mais la trivialité du texte ne permet pas une écriture réellement moderne et « déjantée ». Le genre, entraîné par cette troupe, peut néanmoins plaire tant la qualité des acteurs n’est plus à démontrer, hormis quelques problèmes de compréhension, notamment pour un accent russe un peu trop «forcé». Les marques sont encore à trouver en ce début de festival …
Toute la troupe, metteuse en scène confondue, tente de tirer le texte vers le haut.Quelques pointes souvent drôles mais bien trop émoussées de l’auteure (les riches et l’Art, le frère travesti, la découverte de l’homosexualité par le détective) font rire un public décontracté. Dommage que ce texte soit largement trop simpliste et ne laisse que peu de choix à la metteuse en scène. Quitte à s’appuyer sur un texte bien trop léger, regrettons que cette troupe ne soit pas allée jusqu’au bout de la folie, et que cela ne se termine pas avec des seaux de sang à la place de giclettes, des tonneaux de vodka en lieu et place de six bouteilles, des bazookas et non des pistolets.
L’homosexualité oui, mais orgiaque alors, orgasmique et pas petite tenancière de cabaret façon Zambon. Enfin Ceci aurait été une autre pièce… Cette troupe et son travail sincère méritent un choix de texte plus approprié, plus ajusté à ce type de Festival.
Ne doutons cependant pas que cette pièce légère puisse ravir un certain public, désirant se payer un vaudeville à la mode « déjanté ». Déjanté, certes, et puis pas plus, bien trop politiquement correct à notre goût, eu égard au désir initial de l’auteure et de la metteuse en scène de casser les codes du genre.
Pierre Salles
Note à l’adresse des organisateurs de Villeneuve en scène : La cour du Moulin à huile, outre une assise sommaire, est truffée de moustiques voraces et assoiffés de sang humain… Il faudrait peut-être penser à les éradiquer ou à les nourrir avant le spectacle. De simples brumisations légères à la citronnelle peuvent aussi avoir un effet agréable pour les spectateurs.