AVIGNON OFF : « GAINSBOURG JAZZ », AU THEÂTRE NOTRE-DAME
LEBRUITDUOFF.COM / 18 juillet 2014
Gainsbourg Jazz : Cie les Gainsbourgeois décalés / 22h30 Théâtre Notre-Dame jusqu’au 27 Juillet
Voici un concert exceptionnel, à plus d’un titre :
Même si le Théâtre Notre-Dame ne fait pas partie de nos lieux privilégiés, il faut dire que la salle « Rouge » est extrêmement belle et qu’il est très agréable d’aller voir ce spectacle dans un écrin pareil, comme ce concert mis en scène. Franck Halimi a su trouver l’endroit juste entre un concert théâtralisé et un spectacle musical : ni trop (la musique est principale) ni pas assez (un univers fort, des moments de texte, de petites saynètes qui garnissent le propos). Chaque chanson est unique et en même temps, chaque chanson rajoute une pièce à l’édifice d’un concert cohérent et bien construit.
Entre les chansons s’intercalent des vidéos construites dans un collage très original et malin. Elles sont placées sans automatisme, restent relativement courtes et racontent très bien les rapports entre Lucien/Serge et les femmes. Sans trop en faire ou en dire, le spectacle dresse un portrait franc mais tendre de l’homme à tête de choux.
La chanteuse, Laura Louiss, est une jazzwomen à la voix rectiligne, mutine comme une Enzo-enzo, la puissance en plus. Elle sait gérer le volume, pour ne donner de la puissance qu’au moment opportun. Le répertoire : les débuts de Gainsbourg regorgent de chansons inconnues et magiques, à la fois très bien écrites et composées avec finesse. Les arrangements pour un trio jazz guitare/voix/percussions sont très intelligents et malins.
Le percussionniste, Michaël Santos est un magicien : d’une balle de ping-pong, d’une râpe à fromage, d’un claquement de doigt… il réussit à créer une ambiance et une ligne de percu parfaite pour les chansons. Quand on le voit, on comprend très bien les deux occurrences du mot « jeu ».
Très germanopratin, la prétention en moins, les amoureux du jazz et de Gainsbourg doivent s’y rendre ! Au fond de la salle, se trouve un portrait lumineux de l’artiste. Et c’est bien cela, c’est un portrait un creux. Au creux du jazz, on trouve le Gainsbourg.
Bruno Paternot