AVIGNON OFF 2018 : COMPAGNIES, EVITEZ LES PIEGES DU OFF…

TRIBUNE : Compagnies, bien préparer son OFF d’Avignon 2018.

Le Off d’Avignon se prépare bien en amont*. Les compagnies -surtout les petites- misent sur cet événement pour occuper le « marché » -puisque c’en est un- et espérer pouvoir vendre leur spectacle en tournée, au-delà des retombées presse et bien sûr du succès public auprès des festivaliers. Beaucoup d’espoirs peu, hélas, récompensés, bien souvent…

Depuis début novembre, nombre d’entre elles ont déjà réservé ou s’apprêtent à le faire un « créneau », comme on dit dans le OFF. Ce qu’il faut savoir, c’est que, dans l’immense majorité des cas, les compagnies sont d’abord considérées comme des « gibiers » faciles, pour des prédateurs peu scrupuleux et uniquement intéressés, qui constituent l’essentiel des loueurs de salles sur Avignon.

Au Bruit du Off  « Avignon », l’historique « BDO » que tout le théâtre en juillet redoute ou adoube depuis 8 ans, ce grand frère du « Tribune » que vous tenez sous vos yeux, nous connaissons bien cette situation déplorable et ne cessons depuis 2010 de la dénoncer, régulièrement chaque été, avec opiniâtreté et sans fard. Le Bruit du Off est rappelons-le, le premier quotidien en ligne du Off d’Avignon depuis 2010, avec sa quinzaine de collaborateurs sur place chaque mois de juillet, courant ça et là les « spots » du OFF pendant 3 semaines, et du coup maîtrisant parfaitement les dessous pas très reluisants de ce marché sans foi ni loi et la totalité de ses « acteurs » : loueurs de salles, boîtes de prod, « personnel navigant » que sont les diffuseurs, attachés de presse, programmateurs, et autres parasites, tous vampirisant pour leurs propres intérêts en juillet ce festival qui devrait être un festival de l’art et de l’esprit,  le transformant en une gigantesque foire mercantile et publicitaire.

Chères compagnies, voici quelques petits trucs afin de vivre votre OFF 2018 sereinement -si vous tenez vraiment à le « faire » :

– Les créneaux : ne vous laissez pas appâter par les discours plus ou moins émotionnels des loueurs de créneaux. Tous vont vous la faire au sentiment, à leur soi-disant engagement, leur amour du Théâtre (avec un grand « T » et beaucoup de roucoulades), pour lui seul, pour la beauté de l’art.  N’en croyez rien. Sur les 120 salles officiant dans le OFF, seule une infime minorité d’entre elles sont des vrais théâtres, sérieux et engagés. Les autres appartiennent à des « tauliers » qui sont dans le théâtre comme ils seraient dans le couscous si celui-ci leur rapportait autant.
La seule manière de bien choisir le lieu où vous allez dépenser votre budget est de vous renseigner : auprès des « anciens », qui font le OFF depuis des lustres, auprès des pros de confiance ou chez nous : au BDO, nous recevons chaque année beaucoup de demandes de conseils en la matière, et nous n’hésitons pas à vous répondre franchement. Avant d’acheter un créneau, contactez-nous : contrairement à d’autres médias, nous sommes indépendants et ne sommes inféodés à personne, ni redevable à aucune institution. En revanche, forcément, nous connaissons très bien les salles et leurs doux propriétaires…
Vous pouvez nous écrire dès maintenant sur :
lebruitduoff@yahoo.fr – (mention « OFF 2018 »).

– Le Budget : prévoyez au minimum 30 à 35 000 euros tout compris, pour une salle de capacité moyenne (80/100 places), l’hébergement, la bouffe, les pots, la technique, la com et autres frais annexes (et on ne parle pas des salaires des comédiens…). C’est un vrai investissement, ne le faites qu’en conscience. Et surtout, ne surpayez pas vos créneaux : un bon créneau, c’est à un horaire acceptable (soit entre 11h et 21h), avec un laps de temps d’au moins 2h, pour s’installer, jouer et démonter. Méfiez-vous également des soi-disant « co-réalisations » : seuls 3 ou 4 théâtres pratiquent la vraie co-ré, les autres vous demanderont un « plancher », et enfin sachez que seule la période médiane du OFF est intéressante : soit en gros du 10 au 20 juillet…

– Les salles : fuyez les salles minuscules, cela ne sert à rien d’autre qu’à perdre de l’argent. Et à se discréditer : les « garages » de 49 places, mal équipés, surchauffés, avec un plateau ridicule, bas de plafond, les gradins en bois dur, sont rédhibitoires , pour le spectateur comme pour le pro. Ils n’iront pas vous voir là, ces chers programateurs. Evitez également les lieux excentrés (hors intra-muros ou trop éloignés dans l’intra), et surtout, demandez avant de signer une liste précise du matos mis à votre disposition, du service, de l’état des loges, de l’accueil du public, des technos et du personnel mis à disposition, de la billetterie etc.

– AF&C :  l’association « Avignon Festival et Compagnies » n’est que le « coordinateur » du OFF, en aucun cas sa direction et son programmateur. Passer par eux n’est nullement obligatoire, sauf si vous adorez payer pour figurer dans leur « programme » papier illisible, qui ne sert à rien d’autre qu’à détruire des forêts… De plus, sachez qu’ils n’ont aucun droit ni titre à délivrer des « accréditations » presse, pas plus que « pros ». C’est juste un passe-droit qu’ils usurpent, en toute illégalité puisqu’en lieu et place de ceux et ceux seuls qui en ont le droit et le pouvoir : c’est à dire vous, compagnies ou théâtres, et vous seuls… Surtout, refusez de cotiser à la « Carte du Off », c’est à dire de consentir une remise au festivalier détenteur de celle-ci : c’est vous au final qui payez cette remise. Prenez vos remises en mains et décidez vous mêmes à qui vous les consentez. Des tas d’autres, compagnies ou théâtres, font de même et s’en portent à merveille ! Cette carte du OFF est un pur scandale, on ne le dira jamais assez, et engraisse AF&C sur votre dos ! Enfin sachez qu’AF&C est uniquement le pur produit de quelques salles du OFF (une poignée, et les pires, bien souvent) qui ont créé cette « association » très lucrative uniquement pour servir leurs intérêts. Pas les vôtres, chères compagnies…

– L’hébergement : ne vous laissez pas tordre par ces Avignonnais qui s’ils râlent toujours contre ce OFF « insupportable », en profitent pour sous-louer leurs biens sans aucune vergogne à des tarifs prohibitifs. Trouvez des trucs alternatifs : en périphérie (même à 5 km, c’est 2 fois moins cher), au camping, en échange d’appartement, etc.

– La com : 1400 compagnies affichent et tractent. Autant vous dire qu’il n’est pas nécessaire de dépenser des fortunes là-dedans. La visibilité de votre spectacle sera de toutes façons limitée, noyée parmi l’avalanche visuelle des propositions…

– La presse : surtout n’achetez aucun espace publicitaire dans les supports soi-disant « incontournables » qui ne sont en fait que de vulgaires entreprises de vente d’espaces et de publi-rédactionnels*. Cela tous les pros le savent -et même les festivaliers habitués du OFF, maintenant- et plus personne ne lit plus vraiment ces supports invasifs diffusés en masse et sans discernement, inutilement gonflés de pages de pub, et en définitive totalement illisibles. Préférez contacter (sans rien acheter donc) la vraie presse culturelle papier ou web, des sites de qualité comme Scèneweb, Webthéatre, Les 3 coups et bien sûr Le Bruit du Off, qui avec ses 475 000 lecteurs en juillet est très suivi… et beaucoup par les professionnels, justement. (il faut bien se faire un peu de pub !)
Quant à la presse nationale, hormis les sites pré-cités, n’y comptez pas trop : Le Monde, Libé, Le Canard enchaîné, Le Figaro, Inferno, Mouvement, l’Express, Les Inrocks ou Télérama, pour ne citer qu’eux, ne couvrent que très rarement le Off, et avec parcimonie encore… Et ne parlons même pas des télés (ni des radios nationales) !

Les attachés de presse : épargnez-vous ce type de dépense, parfaitement inutile : les attachés de presse (parisiens pour la plupart) ne pourront rien pour votre spectacle, seul parmi 1500 (chiffre prévu en 2018). D’autant qu’ils-elles sont souvent multicartes et traitent plusieurs spectacles à la fois. De toutes manières, malgré tous leurs efforts, les journalistes feront leurs choix comme ils en ont envie, et ils ont bien raison, restant sourds à toute sollicitation intempestive. En juillet, à Avignon, ils sont saturés, et n’ouvrent même pas leurs mails ni n’écoutent leurs messages… On les comprend. Et on fait tous de même.
Quant à la presse locale, inutile de recourir là non plus à une pro pour les retapes : la PQR couvre plutôt bien  le OFF (en quantité), elle a besoin de faire du « marbre » et embauche de nombreux stagiaires en juillet, certes pas des prix Nobel de littérature, ni des tops de la critique théâtrale, mais bon…

Voilà. En espérant que ces quelques points parmi d’autres éclaireront votre envie de « OFF » en 2018. Et en vous souhaitant le meilleur pour cette aventure, qui reste formidable pour peu qu’on ait su la préparer !

Martin Zell

*Article publié sur le « Tribune » en novembre 2017. Si vous le lisez maintenant, il est déjà trop tard hélas…

Le quotidien critique et actus du Off d’Avignon : www.lebruitduoff.com en ligne depuis 2010,  est ouvert du 1er au 31 juillet chaque année.

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