LA BELLE SCENE SAINT-DENIS EST DE RETOUR A AVIGNON !
LEBRUITDUOFF.COM – 12 juillet 2019
AVIGNON OFF 19. La belle Seine Saint-Denis – Programme de danse tous les matins à partir de 10h – A La Parenthèse.
La Belle Seine Saint-Denis est de retour à la Parenthèse d’Avignon et ouvre sa première session avec de la danse le matin dès 10h00.
Amala Dialor : D’esprit Hip-Hop mais…
Pas seulement. Et ça promet ! Avec cette courte pièce de vingt minutes, Amala Dianor propose – et invente – un mouvement avec des glissés au sol d’une rapidité qu’on ne voit que dans des films ! Ses – nouveaux – quatre danseurs venus de Strasbourg – et il faut les citer : Marino Vanna, Alexandre Mellado, Lory Laurac, Joël Osafo Brown – sont tous les quatre parfaitement synchros (ce qu’on voudrait voir plus souvent dans les ensembles en danse), parfaitement justes dans leurs gestes et leurs intentions, d’une présence inouïe. Si on retrouve l’esprit battle dans les moments de transition à travers le regard qu’ils se lancent, la composition très ramassée, sans temps morts, proposée par Amala Dianor est magique. Il ne laisse rien au hasard. Il occupe le plateau dans ses moindres recoins et il se concentre sur la danse que peuvent produire ses jeunes recrues… Pas seulement est donc un nouveau manifeste qui démontre la maitrise du chorégraphe dont on regrette qu’on ne lui ait pas confié le CNDC d’Angers où il était candidat… mais bon, s’il poursuit ainsi, on lui donnera bien plus !
« Goual », Dans le sens des aiguilles d’une montre.
Le programme se poursuit avec Gouâl de Filipe Lourenço qui n’en finit pas de surprendre et de confirmer son sens de la composition, de l’espace juste. Les six danseurs, trois hommes- trois femmes, se placent sur la scène pour former une ligne qui fait penser à une aiguille d’une pendule. Et ils tournent… et l’un s’arrête, l’autre repart, puis une succession de marche-arrêt subjuguante. On a l’impression d’être dans un exercice de math avec des comptes – je ne voudrais pas être danseur dans cette pièce ! – mais aussi une danse qui pousse à la méditation, c’est hypnotique… on ne s’en détache pas facilement… C’est dans un silence que seuls les bruits du plein air viennent troubler. Les danseurs finissent par aller de part et d’autre du plateau et proposent des mouvements de tête vers le bas, pieds bien ancrés au sol, et poussant des cris… La pièce dure 30 minutes. On en sort rincés… Gouâl reste dans la tête un bon bout de temps.
Seydou Boro, une femme forte.
C’est peut-être pour cela que, malgré la joie de le revoir sur scène, majestueux, d’une présence de gourou, la proposition de Seydou Boro, Koteba convainc moins. De tout son long Seydou Boro rentre sur le plateau, tête et buste recouvert d’un argile orangé. Il a pour compagnon deux micros. Il va raconter une histoire. Un moment de l’histoire des Hommes. Pas reluisante. Il va d’un point à l’autre mais quelque chose ne se fait pas. Il n’impose pas assez son texte et l’illustre trop… sa danse est minimale. On ne doute pas qu’il va se reprendre et nous livrer un solo fort… plus tard.
Emmanuel Serafini
Image : Amala Dialor, « Pas Seulement » – Photo DR