« CE QUE VIT LE RHINOCEROS LORSQU’IL REGARDA DE L’AUTRE CÔTE DE LA CLÔTURE » : PUISSANT ET INTENSE

lebruitduoff.com – 14 juillet 2023
AVIGNON OFF 23. « Ce que vit le rhinocéros lorsqu’il regarda de l’autre côté de la clôture » – Pauline Hercule et Pierre Germain- La Factory-Salle Tomasi à 11h15.
« Imaginez un zoo / en zoo en pleine forêt / en zoo en noir et blanc » à l’intérieur duquel coexistent des animaux, réunis par familles : ours, mouflons, marmottes, cygnes et singes. Au sein de cette joyeuse ferme des animaux qui a néanmoins déjà tout l’air, dès les premières minutes, d’une prison à ciel ouvert, les animaux s’égayent sur un ton joyeux et bon enfant. Mais la mort du rhinocéros fait prendre une tournure à l’histoire, un climat de tension s’installe peu à peu et les marmottes hibernent le sourcil levé. Que regardait-il de l’autre côté de la clôture ? Quelle méduse infâme a bien pu être la cause de son extinction ?
Au fil du spectacle, entre l’arrivée de l’ours et la disparition des oiseaux, on apprend que deux espèces humaines – pour reprendre un titre de Robert Anselme – vivent hors du zoo : les Beautés, à cause de leurs bottes très brillantes, et les Rayés, à cause d’on ne sait quoi mais le public peut s’en douter : l’analogie avec les camps de la mort est filée jusqu’à la fin du spectacle sans jamais crier trop fort son nom. La part de légèreté et de dramatique est dosée avec subtilité par les comédien-nes qui maîtrisent plusieurs registres. Par-delà l’horreur qui se dessine en filigrane, on parvient à rire avec les cygnes anglais et l’écureuil sur-excité. Animaux bien plus humains que les bourreaux, témoins d’un monde mis à l’envers, assez dociles et futés pour être pièces de musée d’un spectacle qui les dépasse, ou pour parfois le dépasser.
Une pièce intense, à la plume d’oiseau acérée, portée par des acteur-ices talentueux-ses, dans une mise en scène chorégraphiée, forte comme un rhinocéros.
Célia Jaillet

































Sujet inattendu et méconnu effectivement
La mention de la forêt désertée par les oiseaux fait étrangement écho aux propos de Jorge Semprún dans « l’écriture ou la mort »
CE QUE VIT LE RHINOCEROS LORSQU’IL REGARDA DE L’AUTRE CÔTE DE LA CLÔTURE :
Pièce dynamique, avec émotion, interprétée de manière excellente par quatre jeunes qui apportent de l’enthousiasme et touchent le cœur.
C’est une histoire forte qui étonne et touche l’âme, très bien racontée et nécessaire à connaître aussi bien pour les petits que pour les grands.