AU MOINS J’AURAI LAISSE UN BEAU CADAVRE : Un Hamlet d’appellation d’origine, furieusement élisabethain, par Vincent Macaigne
VU : Au moins j’aurai laissé un beau cadavre / Vincent Macaigne / Cloître des Carmes / Jusqu’au 19 juillet / 21.30 h.
Ouaoh ! Autant le dire tout de suite, ce Macaigne a les cojones bien arrimées ! Et sa troupe, bande furieuse de comédiens sous speed, n’a rien à lui envier… Le Cloître des Carmes accueille jusqu’au 19 juillet cette version étourdissante du Hamlet, un théâtre absolument brutal, inouï, et brut de décoffrage, tel que devait sans doute le pratiquer le grand William avec ses acteurs du Londres élisabethain.
Et ça déménage ! Au plateau, totalement bordélique, envahi d’une quantité de trucs improbables : distributeurs de boissons au lointain, fosse pleine d’eau boueuse au proche, publicité lumineuse de fête foraine sur laquelle on lit « ici il n’y aura pas de miracles »… un bateleur de foire, digne des camelots du XVIe, expert de la harangue et de la retape sans complexe, ouvre ce Beau cadavre par son adresse ultra-cocainée à un public qui s’installe à peine.
Et c’est parti pour trois heures de théâtre fulgurant, truculent, hénaurme, une performance hallucinée, à bout de souffle, dont personne ne sortira indemne, pas plus le public que les comédiens survitaminés et infiniment shakespeariens. Une bande de dingues purs qui produisent un show radical, un théâtre de tréteaux quelque part entre les Monthy Python et Rabelais… Un truc monstrueux, en vérité.
Superbes comédiens, au demeurant, parfaitement raccords avec le délire mégalomaniaque du metteur qui ne leur épargne rien. Merveilleuse bande de fous qui pourraient très bien avoir fourbi leurs premières armes à la Royal Shakespeare Company, tant leur puissance de jeu et leur gouaille est impressionnante.
Ce Macaigne-là est un vrai chantier, un bazar in progress mais savamment réglé, où paradoxalement rien ne doit vraiment être laissé au hasard. De la scénographie délirante (mais on ne dévoilera rien) aux performances déclamatoires et physiques des comédiens, de l’amoncellement de trouvailles scéniques et d’accessoires, à l’impeccable direction d’acteurs, tout dans la mise en scène de Macaigne est d’une maîtrise absolue.
Puisant à l’origine du premier Hamlet, ce conte danois qui avait inspiré le grand Will, cette orgie barbare de sang et de théâtre, de cadavres et d’excès en tous genres, ce Shakespeare sauce Macaigne est un monstre de théâtre de foire, d’une consanguinité absolue, et d’une férocité réjouissante.
Une farce en direct de l’Enfer, où une bande de fous sanguinaires s’entretuent pour le plaisir, baisent comme des bêtes et boivent comme des soudards. Au milieu de ces malades survoltés, un Hamlet hystérique et mégalo, un animal violent définitivement hors-normes qui se joue dans le sang et le stupre de la folie des hommes.
Théâtre-gigogne, comme toutes les grandes oeuvres de Shakespeare, ce Hamlet-là est aussi une fabuleuse allégorie du théâtre, une réflexion poussée à l’extrême sur la quête de représentation de l’innommable, de l’immontrable. Du monstre.
Une tragédie « par bêtise », comme le dit si bien Vincent Macaigne, que cette fable parfaitement immorale et terriblement juste, qui nous ramène à la chair, à la brutalité féroce de la chair, et à la violence originelle de l’homme. Magistral.
Marc Roudier
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Vincent Macaigne est UN grand homme du théatre contemporain,
Vincent est un grand humaniste, qui avec son théatre donne la voix à ceux qui ne l’ont pas.
Vincent Macaigne a crée une nouvelle dicipline dans le théatre,
Vincent a crée la démesure dans son théatre : il démontre,les maux des pouvoirs : (commencé en 1er par les pouvoirs dans le famille,pouvoirs d’âge,pouvoirs des justices,pouvoirs politiques,pouvoirs pays…)
Vincent nous est précieux,
Vincent on veut voir toujours dans l’avenir tes créations,
Vincent a ouvert la porte de son théatre et ceux qui sont déshérités qui souffrent et brûllent dans l’isolement, qui ont été utilisés, abusés puis rejettés .
Merci ET bravo à Vincent et son équipe, bonne continuation,l’avenir,l’avenir, toujours l’avenir,Vincent nous dit la persévérances est la clé à tout.
Oui, Macaigne nous en met plein les yeux, plein les oreilles. Ca fuse de partout. La 1ère partie m’a emballée mais la 2ème fut de trop : too much ! Pourquoi le viol d’Ophélie ? Pour faire une belle image cauchemardesque ? Tout ça pour quoi faire ?
Rodrigo Garcia, Angelica Liddell pratiquent aussi ce genre de théâtre mais chez eux, rien n’est gratuit, tout dénonce…
un théatre intelligent qui interroge l’artiste, le citoyen, l’homme sans hypocrisie; Il nous met face à notre stupidité, notre violence et notre individualisme. Des comédiens qui prennent des risques et se mettent à nue….un metteur en scène qui leur permet cela, des textes d’une intelligence rare. merci!!!
Ouah, je l’ai vu ! Excellent, il faut le dire. « A fond » tout le temps, trop peut-être, mais parmi toute cette agitation, il y a le monologue superbe et poignant, en forme de strip-tease, de Claudius. Calme. Habité. Subtil. Intense… et les mots me manquent encore. Une pépite des plus pures au milieu du bruit et de la fureur.
à savoir que les messages de Vincent Macaigne passent très bien: il donne la voix à ceux qui ne l’ont pas.
Avec les pièces de Vincent on s’ennuie pas,dommage que parfois c’est trops long.
Une chose sûr que les comédiens et comédiennes sont très généreux et courageux, les pièces de Vincent sont des marques qu’on n’oublie pas.
Vincent nous démontre les agressivités des pouvoirs qui nous dépassent;
merci à tous
Ce que j’ai vu de plus vigoureux, de plus beau cette année. Du théâtre sans vide ni ennui, on ne peut pas dire ça de tous les spectacles. Merci pour votre article.
ouah je veux voir !!!! hum un batteleur qui ouvrait les spectacles et haranguait les foules c’est un « Bonimenteur » comme celui célèbre de la croix rousse à Lyon ! je suis aussi un Bonimenteur à l’occasion ! à la demande de certains chapiteaux pour faire attendre le public ! et le distraire !
merci de cette critique ! je garde le nom du spectacle en réserve !