AVIGNON FESTIVAL 2012 : FIN DE PARTIE
http://www.lebruitduoff.com / 29 juillet 2012.
AVIGNON 2012 : FIN DE PARTIE / Clôture du 66e Festival d’Avignon et du Festival Off 2012.
Nous voilà donc au terme de cette 66eme édition du Festival d’Avignon et de la 47eme du OFF. Aux commandes pour l’avant-dernière fois, Hortense Archambault et Vincent Baudriller ont su une nouvelle fois donner carte blanche à tous ces fabuleux metteurs en scène et artistes, les laisser prendre des risques avec nous, oser des propositions nouvelles avec le public, car nul théâtre sans public ! Et cette année encore, les lieux du Festival étaient tous pleins, malgré la crise, malgré la flambée des prix, le public, avide de création, d’expériences, de rencontres, est toujours là.
Pas de polémiques cette année ? N’en déplaise à certains ceci peut être aussi un gage de réussite, le théâtre peut également faire cohésion ! Aimer ou ne pas aimer ? Telle n’est pas la question, l’important est la proposition, le questionnement, la recherche, un théâtre qui ne propose pas est un théâtre mort.
Et cette année, peut-être plus que les autres, les artistes invités nous ont proposé une vision, un sens. Les deux directeurs n’ont jamais imposé au Festival un style particulier ou par trop sectaire, mais ils ont su au fil des années affiner leur programmation et, avec une certaine réussite et assez d’élégance tenter d’insuffler l’envie et la soif de découverte de propositions nouvelles et profondément contemporaines.
Telle est bien l’essence même de ce Festival, offrir un théâtre populaire et non populiste. Enorme différence trop souvent occultée par les porte-paroles auto-proclamés d’un Jean Vilar pour l’occasion ressuscité, dont l’engagement fort et l’éthique d’un théâtre ouvert mais exigeant sont malheureusement tronqués de ce qui l’irrigait, cette véritable soif de découverte et de renouveau qui l’animait alors.
Le OFF quant à lui, malgré sa lente dérive mercantile, nous réserve en quelques hameaux de résistance de belles créations. Là aussi la recherche, la proposition et la vision étaient au rendez-vous. Soit ! Parmi la multitude, voire la pléthore de spectacles faciles et dénués du moindre Amour, il fallait chercher ! Il fallait écouter et prendre également des risques, ce qui s’avère difficile lorsqu’on ne reste que quelques jours sur une manifestation de cette ampleur et que, durée moyenne de séjour du festivalier oblige, le buzz, le fameux « Bouche-à-oreille avignonnais » ne fonctionne plus…
Alors que faire ? Bien sûr, suivre les journaux, tous les journaux -et en particulier lebruitduoff.com bien sûr ! (ndlr)-, lire et relire, sans a priori, en se disant que nous essayons simplement de proposer des pistes, avec sincérité. Mais à vous aussi, spectateurs, de prendre des risques ! Laissez-vous tenter et enivrer par la découverte, par le frisson de découvrir une pépite créative et fort heureusement, il y en eut durant ce festival OFF 2012 !
Ne pas hésiter non plus à questionner les metteurs en scène et acteurs, tous les professionnels… Ils sont là, tout proches de vous. A chacun de se donner les moyens -l’envie- de les rencontrer. Indubitablement, les débats proposés par le Festival d’Avignon sont des lieux d’échanges fantastiques et de très grande qualité. Ceux-ci devraient pouvoir être plus présents dans le OFF, avec la même exigeance intellectuelle… mais peu importe ! Osez par vous-même aller chercher l’information et le débat d’idées.
Et oui… malgré tout ceci, les rues étaient bien tristes cette année, nulle cohue, à l’exception de certaines salles boui-boui, à la probité artistique en berne, qui proposent quelque chose qui s’apparente plus à une arrière-salle de cuisine qu’à un hall d’entrée de théâtre, ou qui empiètent directement 100 m2 sur la rue pour faire attendre les spectateurs ruisselants sous un soleil tout mexicain. Ce Festival était de sorte assez morose dans nos rues avignonnaises. Avec, somme toute, assez peu de parades, et des tracteurs en manque d’inspiration. La crise ? Peut-être. Un besoin de souffle nouveau ? Sûrement. La nécessité d’une vision véritable ? Précisément.
Nous ne reviendrons pas sur les quelques, et très rares, accueils froids dans des salles affiliées à AFC, dont les envoyés du BDO ont été l’objet deux ou trois fois, très vite oubliés par les très beaux spectacles que nous y avons vus. En réalité, il s’agit là d’une simple inélégance, envers des chroniqueurs dont la seule ambition est de tenter de faire passer leur amour du théâtre. Quoiqu’il en soit, et malgré certains esprits chagrins, nous préserverons toujours notre si chère indépendance, indispensable à une critique saine et véritable. Et ne croyez surtout pas que le débat d’idées, si important à nos yeux et que nous prônons à chaque instant ne soit pas de mise au sein même de la rédaction, il y fait même souvent rage, en toute amitié et ouverture d’esprit, avec passion mais également avec cette écoute de l’autre, de ses points de vue, de son vécu artistique…
C’est cela que tous les jours le Bruit Du Off tente de mettre en pratique au fil des écritures. Bien entendu, certaines de nos critiques vous ont déplues, cher lecteur, ou vous ont fait sourire, parfois en total accord avec votre vision, d’autres fois à l’opposé, et c’est bien normal ! Et même plutôt sain, cela montre une fois encore, qu’un spectacle peut et doit faire débat. Sinon, à quoi bon ?
Le Festival 2012 est donc terminé et bientôt une autre saison théâtrale commence, nous vous la souhaitons pleine de joie, de découvertes et de questionnements. A l’année prochaine, avec la même passion.
Pierre Salles
Visuel : « Le Maître et Marguerite » de Simon McBurney en ouverture du 66e Festival d’Avignon, dans la Cour d’honneur Photo C. Raynaud De Lage / Copyright Festival d’Avignon 2012.