AVIGNON OFF 2013 : « J’AI TUE MAURICE THOREZ », THEATRE DES CARMES ANDRE BENEDETTO
LEBRUITDUOFF.COM / 18 juillet 2013
AVIGNON 2013 : « J’ai tué Maurice Thorez » par La comédie nouvelle / Théâtre des Carmes André Benedetto / 19h40 / Durée : 1h10
Gilles Ascaride, écrivain, sociologue et co-fondateur du mouvement de l’ « overlittérature » (littérature iconoclaste, réaliste, burlesque…) nous offre une adaptation théâtrale de sa nouvelle « J’ai tué Maurice Thorez ! », histoire originale en dehors des sentiers battus du Festival.
La mise en scène est de Serge Valletti qui retrouve sans doute un peu son monde délirant dans l’écriture d’Ascaride. Entre autres, ce spectacle a été adoubé par Philippe Caubère qui dit être un fan d’Ascaride de longue date. On comprend pourquoi…
Ces trois compères semblent faits du même bois aux racines profondément méditerranéennes.
Un homme, devant un juge, s’accuse de terribles crimes et exige les pires sanctions. La guillotine serait encore une peine trop douce pour lui.
Face au juge, intrigué, il déroule sa vie de lycéen, son apprentissage du russe avec un professeur tyrannique, une langue terrible, les frasques d’une bande d’adolescents marseillais hauts en couleurs fascinés par un luxueux paquebot soviétique, le Latvia, sur lequel ils s’introduisent plus ou moins clandestinement lors de ses escales à Marseille et à bord duquel ils ressentent leurs premiers émois amoureux auprès de jeunes chambrières russes. Bateau sur lequel s’embarquât Maurice Thorez, Secrétaire Général du Parti Communiste Français, pour y mourir de maladie quelques jours plus tard.
Le reste de cette histoire savoureuse est à découvrir sur scène.
La mise en scène, dans un décor minimaliste, une simple table et deux chaises, porte sur le jeu d’acteurs. L’attention est focalisée sur Gilles Ascaride, expressif en diable dans un rôle sur mesure, mais nous portons en permanence un regard amusé sur le juge, interprété avec nuances par Gérard Andréani, qui joue successivement l’étonnement, la curiosité, l’amusement, la compassion, la colère.
Le texte s’appuie sur l’accent et le langage marseillais qui apportent leur force expressive, quelques pointes d’humour et des images colorées. Mais tout cela n’a rien d’un régionalisme étroit, dans sa forme loufoque il touche directement l’humain. Il nous offre une fresque du Marseille des années soixante dans l’environnement politico-social de l’époque et nous parle avec humour et tendresse d’un adolescent sensible d’un milieu populaire et de sa bande de copains.
Il ne faut pas rater cette pièce iconoclaste, fantaisiste, d’un humour vivifiant, parfois tendre et touchante, qui nous tient en haleine de bout en bout jusqu’au rebondissement final.
Vous apprendrez ainsi pourquoi cet homme a, peut-être, tué Maurice Thorez et la Révolution Mondiale.
Jean-Louis Blanc