« LE CAS DE LA FAMILLE COLEMAN » : UNE PIECE SOCIALE AU 3 SOLEILS
AVIGNON OFF : « Le cas de la famille Coleman » / Johanna Boyé / Théâtre des 3 soleils 16h10 / durée 1h20 / jusqu’au 27 juillet
Mais quelle famille que ces Coleman ! La grand-mère, la mère et ses trois enfants habitent ou plutôt cohabitent dans un appartement où règne un tel désordre, à l’image de la situation familiale. La matriarche gère depuis des années tout ce petit monde, pour cause, sa fille et l’un de ses petit-fils sont atteints d’un handicap psychique. La mère étant incapable d’élever ses enfants, la grand-mère a du assumer seule leur éducation, et ceux-ci sont devenus des adultes….
La pièce s’inscrit principalement dans l’appartement familial, meublé modestement. Sur la table de cuisine, un désordre d’objets hétéroclites amoncelés. De prime abord, l’entente familiale n’est pas manifeste, chacun va et vient sans trop s’occuper de l’autre, dans la quasi indifférence de chacun, à l’exception des bagarres entre les frères. Une indifférence généralisée, de la fille envers sa mère, des deux à l’égard de la grand-mère qui elle, dirige les tâches à effectuer… L’aînée des enfants, qui n’a pas grandi auprès des autres vit confortablement avec son mari et ses deux enfants, a honte de cette famille hors norme…
Une pièce qui traite de la gestion du quotidien face au handicap, des difficultés que cela implique, d’autant plus quand la situation financière est plus que précaire. Un théâtre du quotidien, une ambiance loufoque, caricaturale de la famille « folle-dingue », qui sensibilise très vite le public lorsque ce quotidien met en évidence la charge que représente le handicap. Le thème est ici abordé avec beaucoup d’émotion, de finesse, de sensibilité , et cette famille devient vite attachante, car la solidarité est indéniablement palpable. Les points forts des Coleman sont leur positionnement face à la situation vécue, la cohabitation qui s’impose dans cette atmosphère particulière où chacun est impacté par les décisions sociales et morales de ceux qui ne souffrent pas de handicap.
« La Famille Coleman » dit le bouleversement de la morale individuelle et de l’attitude sociale devant ce phénomène. Une pièce didactique, à l’usage des gens « normaux », qui ignorent tout de ce martyre au quotidien. Jamais mélodramatique, elle propose une réflexion légère mais qui touche juste. Bien orchestrée par une mise en scène pointue et une vision objective du problème, « La Famille Coleman » est une pièce nécessaire pour tous ceux qui, égoïstement, ignoreraient encore la difficulté qu’a notre société à simplement voir le handicap, sinon à le traiter équitablement.
Béatrice Stopin