AVIGNON 2016 : ENTRETIEN AVEC PASCAL KEISER
LEBRUITDUOFF – 9 juillet 2016.
ENTRETIEN AVEC PASCAL KEISER, La Manufacture.
Le fonctionnement de La Manufacture, lieu du Off largement reconnu pour la qualité de sa programmation, a toujours reposé sur un travail d’équipe, c’est une des clefs de sa réussite ?
Pascal Keiser : Oui. Dès 2008, nous avons opté pour une gouvernance particulière basée sur un collectif composé d’une partie de l’équipe opérationnelle et de plusieurs artistes impliqués dans la structure, et qui y avaient déjà présentés plusieurs projets, dont quelques uns ont depuis été programmés dans la sélection officielle du festival. Il ne m’est plus apparu possible à ce moment de gérer seul la programmation artistique et surtout les repérages associés, à travers la France, la Belgique et parfois plus loin jusqu’au Québec, ce qui demande un travail énorme et une disponibilité impossible à tenir pour une seule personne. Apprendre à travailler ensemble dans une gouvernance réellement partagée est très enrichissant, cela apporte des effets de leviers très importants.
La Manufacture se définit comme « hors des sentiers battus », quels sont alors ces nouveaux sentiers ?
Exigence, engagement, modernité, politique, indépendance. « Capteurs de nouveauté », comme nous qualifie aimablement Jean-Michel Ribes. J’aime beaucoup ces mots car ils définissent le travail de découverte, de première reconnaissance des grands artistes de demain que nous tentons de faire, et c’est sans doute notre principal combat annuel et notre marque de fabrique.
Votre regard a toujours été critique envers un Off de plus en plus tentaculaire et de moins en moins exigeant, La Manufacture a pourtant démontré et en peu de temps qu’il y a de la place pour un théâtre innovant. Est-ce si difficile ?
Nous sommes bien dans le Off, ne nous y méprenons pas, et nous revendiquons cet espace de liberté. Ce que nous avons essayé de démontrer, c’est qu’un autre Avignon est possible, un autre état d’esprit, à l’heure où certains disaient « Nous n’irons pas en Avignon ». Notre approche a toujours été très radicale au niveau de l’équipe dans la défense de notre ligne artistique et esthétique, de nos engagements et de ceux des artistes que nous défendons. La Manufacture c’est en toute modestie le lieu prescripteur selon les années de 600 à 900 dates vendues après chaque festival, soit 2 à 3 représentations jouées chaque jour de l‘année en France et à l’étranger, sans doute une centaine de milliers de spectateurs minimum par an en plus de ceux du festival, un volume de travail énorme pour artistes et techniciens. Et surtout la défense ferme d’esthétiques, d’engagements qui vont partout sur le territoire : d’un petit théâtre municipal ou d’une MJC à un théâtre national. Avignon reste pour notre équipe l’endroit pour défendre ces paroles et ces artistes. C’est un combat annuel difficile, mais le public et les professionnels répondent chaque année de plus en plus massivement à nos propositions. C’est donc très motivant, et comme vous l’écrivez, il y a une place pour ce que nous défendons.
S’il y avait un angle qui définit la programmation 2016, quel serait-il ?
Toujours une ligne engagée, en recherche de nouvelles formes et écritures, surtout à partir d’éléments documentaires. Nous avons plusieurs projets autour du Moyen-Orient, notamment le magnifique travail de la jeune photographe belge Pauline Beugnies, lauréate du prix Nikon international, qui a vécu le printemps arabe en Egypte, puis l’arrivée de Al Sissi, autour de son exposition « Génération Tahrir ». La jeunesse qui s’affirme clairement aussi : de nombreuses « premières fois » en Avignon autour de jeunes compagnies très innovantes dans leur travail, ce sera le cas Intramuros avec une suite de 4 projets de ce type dès le milieu de l’après-midi et jusqu’en soirée, dont trois portés par de jeunes femmes.
L’accueil de la première sélection suisse en Avignon avec une performance de huit heures à la Collection Lambert et une performance du stripteaser Daniel Hellmann. Des concerts en Nighshots de Anne-Cécile Vandaelem & friends, Fantazio, Lola Bonfanti. A contre-courant, créer plus et mieux, enfin. Nous lançons les laboratoires de l’été avec la Chartreuse les 11, 12 et 13 juillet : un espace de pré-incubation de projets et de mise en réseau de résidences de création, pour profiter de la présence d’une majorité en Avignon, afin de mieux accompagner les projets en gestation ou de les susciter : auteurs, artistes, sociologues, diffuseurs se rejoignent pour faire du festival ce qu’il n’est pas mais pourrait devenir : le moment de gestation et d’incubation des projets, de structuration des résidences de création.
Vous avez largement œuvré à l’obtention du label « French Tech Culture » en fusion avec La FabricA, or Paul Rondin, directeur délégué du Festival d’Avignon, considère que c’est, pour ce dernier, une nouvelle ère. Quel est votre regard sur ce Festival de demain ?
Nous sommes certainement dans une rupture, et j’ai le plaisir d’avoir pu initier la démarche avec Paul Rondin, Olivier Py dès juin 2013 et d’y travailler avec quelques autres, à partir de ce qui avait pu être réalisé à Mons, en Belgique. Avignon, Nîmes, Arles, mais aussi Aix partagent aujourd’hui la vision que les grands évènements culturels ne sont plus seulement des moteurs pour l’hôtellerie et la restauration, mais ont le potentiel de jouer à l’année un rôle de développement territorial social, économique et dans l’innovation en complément de leur action artistique. Surtout dans des régions en situation économique délicate, notamment pour les publics jeunes.
Le numérique est une opportunité unique nous permettant de faire bouger les lignes en ce sens, et une marque mondiale comme le Festival d’Avignon est un outil fantastique pour faire de notre région la référence au niveau mondial dans ces démarches novatrices.
Vos projets s’inscrivent dans la durée, quelle est votre vision pour la Manufacture dans 5 ou 10 ans ?
Rester ce que nous sommes.
Propos recueillis par Vincent Marin
Nous sommes revenus le temps d’un long week-end et nous avons pu voir:
« Rumeurs et petits jours » dans le IN au cloître des Carmes, Excellent!
« Le dernier des hommes » des Cartoon sardines et ce film de Murnau, c’est du même niveau que le Faust qu’ils avaient sonorisé quelques années en arrière, très bon.
« Verone » à l’espace Saint Martial, mise en scène et joué entre autre pare le grand clown blanc de « War Pig ». On est partagé pour ce « Verone », Annick a bien aimé, Emmanuel moins.
« Arto-Mômo » au Chêne Noir. Nous l’avions vu il y a quelques années, cette version nous a moins emballé.
« Le Revizor » aux Lucioles, très bon, superbe mise en scène et jeu, un grand moment de théâtre.
Voilà pour nous l’édition 2016 est terminée, plus de scéance supplémentaire comme ce week-end.
Aujourd’hui nous avons pu nous régaler encore un peu:
« Madame Bovary » au Théâtre Actuel, superbe mise en scène, très bon jeu d’acteurs, que d’émotions transmises par Emma. Courez-y.
« Le Gorille » aux 3 soleils, bien, belle performance d’acteur.
« L’affaire Dussaert » aux 3 soleils, que nous n’avions pas pu voir les années précédentes bien que l’envie soit là. Et bien c’est très bon.
Bonne fin de festival aux compagnies et aux spectateurs.
Samedi avant de repartir, après une semaine de festival et une trentaine de spectacles, nous avons pu savourer:
« Un obus dans le coeur » aux 3 soleils, très bon, beaucoup d’émotions et de pudeur, très fin.
« Orphans » aux Remparts, très très sympas, belle interprétation, et mise en scène qui nous plonge dans une ambiance loin d’Avignon. Très réussi.
« Les bêtes » aux Halles, très bien joué, belle mise en scène, mais le propos sonne un peu creux pour nous.
Notre festival fût très bon, pas de pièce si marquante qu’on s’en serait refait un tour comme certaines autres années mais toujours une offre nombreuse dans nos envies.
Du monde à partir du 14 Juillet, moins avant.
Merci encore au bruit du Off pour les conseils avisés.
Bon festival à toutes et tous, et n’oublions pas de profiter des tous les bons moments de la vie …
Aujourd’hui 2 excellents spectacles, un bien et un autre, comment dire …
« La pensée » au nouveau ring, à ne surtout pas manquer, Un jeu formidable pour un exposé factuel du passage de la raison à la folie, froide, calculée, assumée. Du très grand théâtre.
« En plein dans l’oeil », super ciné-concert pour une mise en son des court-métrages de Georges Meliès. Les 3 musiciens prennent plaisir et les animations de Meliès, avec les moyens du bord, sont savoureuses. Allez-y.
« Pompiers », bien au balcon, juste qu’on attendait un final qui grimpe un poil plus dans l’émotion, mais c’est du bon théâtre. Merci au bruit du off pour le conseil avisé.
« Coûte que coûte » à la Manufacture
Comment dire …,
quelques gens semblent avoir aimé dans le public.
Pas nous, il semble nous manquer des codes ou des substances, mais la seule émotion qui nous a touchée a été un profond ennui.
Et donc beaucoup de questions, comment écrit-on, joue-t-on, produit-on, sélectionne-t-on, programme-t-on ce genre de chose?
Encore une bien belle programmation à la Manufacture:
J’y vais absolument: « We Love Arabs », universel et fin
– J’y vais absolument: « Revolt she said », excellent pour se faire bousculer, on en ressort un noeud au tripes.
– J’y vais absolument: « Liebman Renegat », une histoire non seulement intéressante et vraie mais racontée par le protagoniste, on en redemande
– J’y vais absolument: « A mes amours », excellente, fraiche, énergique et brillante pour une mise à nue du passage de l’enfant à l’adulte.
– J’y vais absolument: « On a fort mal dormi » une plongée dans la misère sans misérabilisme, un acteur très doué pour nous balader et nous laisser un sentiment de vouloir faire bouger les choses.
– J’y vais absolument: « Démons », dérangeant, surprenant, bluffant
– J’y vais absolument: « Going home », très fort, même si c’est au Doms, ils sont partenaires.
Un excellente musique live rythmant la pièce
Il nous en reste pas mal à voir à la Manuf, mais ceux-ci sont d’un très grand cru.
Annick et Emmanuel
A voir également à la Manufacture « Fight Night », l’inconfort de nos choix en écho au « choisir c’est renoncer. »
« Paradoxal » nous a moyennement plu.
« Je (se terre) » et « Visage de feu » ne nous ont pas convaincu. Mais nous sommes conscient que nos goûts ne sont pas universels.
Un tuyau, à l’Actuel « Adieu Monsieur Haffman », une h(H)istoire, une mise en scène envolée, du rythme, de très bon acteurs, pour un excellent moment de théâtre.
Et si vous voulez encore bousculer votre égo, « un fou noir au pays des blancs », un auteur/interprète empli de malice et de générosité qui vient titiller nos limites à la relation à l’autre. Très très bon.
« Volatiles » à la caserne des pompiers, très bon spectacle de marionnette/objet. A voir
Aux hivernales, « Boys don’t cry » un batteur formidable, la danse, bof.
Mais « What did you say » de Brahim Bouchalghem qui hisse le hip hop au plus haut des arts. Fabuleux, Incontournable.
« Combat » aux Barriques, très bon
Sinon si vous avez la place « Luchini et moi » c’est quand même pas mal.
Un exemple de critiques dithyrambiques et qui pourtant pour nous représente le plat ou le presque néant: « Les partitions frauduleuses » au nouveau ring.
Une petite déception à l’instant au Girasole à 22h30, la compagnie ayant jouée « Abilifaï Leiponeix » puis « Mangez le si vous le voulez » qui démarre « Timeline » sur un ton déjanté, mais qui sans texte cette fois-ci s’essouffle. Dommage.
Et pour les restos, L’Ubu rue des Teinturiers, très bons et pas attrape festivalier