JEAN-PAUL II – ANTOINE VITEZ, RENCONTRE A CASTELGANDOLFO

vitez

LEBRUITDUOFF – 10 juillet 2016

Jean-Paul II – Antoine Vitez, Rencontre à Castel Gandolfo – Théâtre du Chêne Noir – 13h

Castel Gandolfo, le 28 juillet 1988. La Comédie-Française vient de donner une représentation du « Mystère de la Charité de Jeanne d’Arc » de Charles Péguy devant le pape Jean-Paul II qui, hors protocole, entame de multiples conversations sur le spectacle et l’Art Dramatique avec les participants, dont Antoine Vitez, récemment nommé Administrateur Général de la Comédie Française.

Jean-Philippe Mestre, témoin de ce rare moment, imagine alors un dialogue entre Jean-Paul II, l’homme de Dieu, acteur dans sa jeunesse, et Vitez, l’homme de théâtre, athée et communiste.

La pièce brille par le texte dans un dialogue de haut vol. Les hommes sont sincères, curieux et respectueux de l’autre et de ses convictions. Les phrases sont concises, directes, les mots recherchés. Il s’agit plus de comprendre que de convaincre.

Tous les sujets, y compris les plus brûlants, sont abordés : L’Inquisition, la richesse de l’Eglise, le communisme, l’Histoire, la Science, la Raison…

Comment l’Eglise peut-elle vivre ses errements, l’héritage de l’Inquisition ? Comment justifier ses richesses, son goût pour la mise en scène ? Comment peut-on croire ?

Vitez, homme de Raison, argumente et semble curieux de percer les mystères de cette Foi à toute épreuve. Il est parfois ébranlé et admiratif, parfois dubitatif devant des arguties toutes jésuitiques.

Malgré la force et la noblesse des propos de Jean-Paul II qui semblent inspirés par une grâce divine, on ne peut s’empêcher de penser qu’à la veille de la chute du mur de Berlin, le pouvoir temporel du pape ne reste pas inactif. L’hypocrisie est sous jacente. L’homme est-il un Saint ou un Acteur ?

Chacun est sensible à sa manière à la misère de ce monde. L’un est dans l’immédiateté et l’urgence, l’autre est dans l’Eternité. L’un croit au Socialisme pour lutter contre la misère, pour l’autre, la misère est dans l’absence de Dieu. Pour l’un, le bonheur est un droit, pour l’autre c’est une grâce.

Le fossé paraît immense entre celui qui croit au ciel et celui qui n’y croit pas. Mais les deux hommes semblent se rejoindre et se comprendre quand ils évoquent l’art théâtral, ce porteur d’idées que Jean-Paul II a pratiqué avec passion dans sa jeunesse. N’est-il pas maintenant lui-même un formidable acteur et organisateur de spectacles ?
Puis, Jean-Paul II se laisse aller à parler de son enfance, de ce père qui a mené sa vie dans le bien, exemplaire et droit devant ses enfants. Et là, Vitez comprend mieux. Si la sainteté de Jeanne d’Arc lui est étrangère, cette sainteté-là, simplement humaine, il la comprend.

La mise en scène est sobre et le texte est égrené et mis en valeur par deux magnifiques acteurs. Bernard Lanneau incarne un Jean-Paul II frappant de vérité, lumineux, inspiré, avec le sourire de la béatitude, parfois de l’aveuglement. Michel Bompoil est un Antoine Vitez ferme dans ses convictions mais dans un besoin impérieux d’échanger, de comprendre. C’est du théâtre passeur d’idées, du bon théâtre !

JLB

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