VINCENT HENNEBICQ, « GOING HOME », THEÂTRE DES DOMS
LEBRUITDUOFF – 12 juillet 2016.
« Going Home » – mes : Vincent Hennebicq – théâtre des Doms du 7 au 27 juillet – Relâches 13 et 21 – 10h45 Durée : 1h.
C’est en assistant à une multitude de procès que le metteur en scène, Vincent Hennebicq, découvre l’histoire de Michalak contée par son avocat. Michalak c’est ce jeune noir adopté par une famille d’autrichiens, très tôt confronté au racisme ordinaire. Ce jeune homme ne parviendra jamais à s’intégrer à la société autrichienne malgré ses efforts pour en adopter son mode vie. Parti pour faire sa vie, Michalak va, de mauvaises rencontres en mauvais choix, finir comme homme à tout faire dans un bordel et là, tourmenté par la détresse et la misère de ces filles, tomber dans la spirale de l’alcool et des dettes. Il ne trouvera que le braquage comme moyen de s’en sortir. Parti en Ethiopie, son pays d’origine, pour fuir la justice, Michalak va y trouver un sens à sa vie et l’amour d’une jeune femme. Rattrapé alors par son passé, il sera renvoyé, pour y être jugé, vers un continent qui ne l’a jamais accepté.
Le comédien Dorcy Rugamba livre le texte dans une forme proche de la quête. Il est Michalak et nous entraîne dans cette recherche de bonheur d’un jeune paumé arraché de ses origines, rejeté dès sa plus tendre enfance, et qui trouve enfin sa place dans ce village d’Éthiopie, une place qu’on lui a toujours refusée sur le sol européen.
Etrange destin à une époque où les peuples européens se referment sur eux-mêmes et rejettent le migrant. Là, c’est lui qui veut fuir ce pays européen qui le retient. Michalak va nous crier tout l’amour qu’il a pour l’Ethiopie, un pays souvent considéré comme celui des famines perpétuelles et de l’éternelle misère, et qui, sous les mots de Michalak, dévoile ce qu’il peut nous offrir de plus beau et ce que ce continent peut apporter de meilleur à la culture et aux hommes, cette formidable joie du vivre ensemble dans laquelle les relations humaines font encore sens.
Formidable comédien, Dorcy Rugamba offre avec passion les mots de Michalak au public. Sur scène, deux musiciens jouent en live : Vincent Cahay (en alternance avec Maxime Van Eerdewegh), au piano et à la batterie, et François Sauveur, à la guitare et au violon. Ils soutiennent le texte et le jeu du comédien en créant des ruptures et en soulignant les silences et les colères. Face à nous et loin des clichés, un flux de vidéos tranche avec cette Europe froide et ingrate et nous montre une Éthiopie heureuse et chaleureuse.
En ces temps de doutes et de peur de l’autre, il est réjouissant de découvrir ce travail aux senteurs épicées, chaudes et brûlantes d’Afrique, très loin de la condescendance toute européenne envers ces pays dits du tiers-monde. Un retour aux sources passionnant qui ne peut laisser personne indifférent.
Pierre Salles