« LE JAZZ A TROIS DOIGTS » : SOUVENIRS AMERS DE L’ITALIE BRUNE

Le jazz à 3 doigts

LEBRUITDUOFF – 23 juillet 2016

« Le jazz à 3 doigts » Texte, mise en scène et interprétation de Luca Franceschi – Théâtre de la Luna du 7 au 31 juillet à 17h40 – Relâche le 27

Mais qui était donc ce grand-père toujours souriant et qui tenait sa pipe de cette étrange façon avec les trois doigts qui lui restaient ? Voilà l’histoire de cet homme que nous conte Luca Franceschi, comédien, auteur et metteur en scène de sa propre histoire familiale. Entouré de l’accordéoniste Bernard Ariu et du vidéaste Renaud Dupré, Luca Franceschi nous transporte dans l’Italie du début du XXème siècle. A Lizzano, petite ville italienne, nait en 1911 le petit Learco, le même jour que la pose de la première pierre de l’usine SMI qui deviendra le fer de lance de la production d’armes italiennes et s’étendra en quelques années sur des milliers d’hectares pour produire des tonnes de munitions. L’existence de Learco sera très vite liée à celle de l’usine malgré un don inné pour la musique et un désir ardent de quitter l’Italie de de vivre de son Art.

Au travers de l’histoire de son grand-père, Luca Franceschi nous plonge dans l’univers terrible de cette Italie au cours des deux guerres. D’abord celle de 14 mais surtout celle de 40 avec l’accession au pouvoir du nationalisme italien, le tout vu par l’œil de ces petites gens, de cette classe ouvrière italienne qui ne rêvait pas de musique comme le jeune Learco, mais seulement de travailler et de survivre dans un monde en pleine mutation.

Le théâtre de Luca Franceschi est celui du souvenir, en premier lieu des siens. C’est l’histoire d’une famille et de ce qui se dit de bouche à oreille, mais aussi de ces souvenirs collectifs que nous avons tous de cette époque. Il y a d’abord les mots de l’auteur qui nous rappellent, au travers d’une gouaille et d’un chanter tout italiens, la chaleur des relations humaines dans ces petits villages et puis, il y a l’accordéon de Bernard Ariu, qui teinte le récit de toutes ces musiques du XXème siècle : ginguette, fanfare, jazz… Ces musiques qui nous ramènent tantôt vers des jours gais et paisibles, tantôt vers des périodes troubles. Il y a enfin la vidéo poétique de Renaud Dupré qui ne se contente pas d’agrémenter le récit d’images en boîte mais qui crée en live une véritable expression. Le vidéaste s’aide de dessins projetés, faits avec un simple stylo sur une plaque de verre, ou d’une maquette décrivant le village construit au fil du spectacle avec de petits jouets. Une multitude de formes vidéo qui enrichissent ce spectacle.

On ne peut qu’être ému par cette poésie que portent ces trois artistes qui sont en parfaite harmonie et permettent à Luca Franceschi de donner vie à tous ses souvenirs avec des petits pincements au cœur. Un très bel hommage à ce grand-père épris de musique et de liberté que nous avons l’impression d’aimer et de connaître à la fin de ce spectacle.

Pierre Salles

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