LE BRUIT DU OFF

LEBRUITDUOFF.COM – 10 juillet 2017

APRES UNE SI LONGUE NUIT – Laurent Natrella – Théâtre du Roi René – Du 7 au 30 juillet 2017 – 20h30 – durée : 1h20

BOULEVERSANTE LEÇON DE VIE

Sarah, Samir, Emmanuel Tiketoi et Pierrot avaient 6-7-8 et 10 ans lorsqu’ils se sont rencontrés. Orphelins, ils sont adoptés ensemble par Manou et Jean. Ils ont tout perdu à cause d’une guerre. La vie leur offre une nouvelle famille, avec ses joies et ses peines, ses luttent intestines, ses moments de douceur. Une fratrie qui rassemble quatre destins d’enfants fauchés par la fureur des hommes, qu’un couple profondément humaniste tentera de guider vers l’âge adulte. Ils ne sont sont pas vus depuis plusieurs années. Ce soir, alors que Manou est sur le point de mourir, Emmanuel les a rassemblés. Alors que leur mère adoptive va les quitter ils se souviennent des ces années passées ensemble.

Sarah (Elodie Menant) est juive. Depuis des années elle repousse son voyage au pays de son enfance brisée par la rencontre d’un kamikaze et d’un bus, ce pèlerinage le jour de son anniversair, qu’une fois encore elle ne fera pas. Un motif de plus pour se chamailler avec Samir (Slimane Kacioui) le musulman, comme ils l’ont fait toute leur enfance commune. Lui l’enfant de Bagdad est en révolte permanente, impuissant à éteindre la colère froide qui anime ses luttes et engagements politiques. Pierrot (Maxime Bailleul) est l’aîné, l’enfant athé d’Aubervilliers. Un jour il partira à la recherche de cette mère qui l’a abandonné à la naissance. Lui aussi est probablement une victime indirecte d’une guerre. La vie semble l’avoir enfin tempéré lui le fugueur compulsif, le révolté, l’écorché, le solitaire. Au milieu il y a Emmanuel (Olivier Dote Doevi) que seule Sarah est autorisée à appeler Kitétoi. Le rescapé du massacre dans une église africaine n’est que tempérance, conciliation. Sa rage il la met dans la course. Un jour il sera champion olympique, même s’il a perdu la foi en ce Dieu catholique qui n’a pas protégé sa famille.

La mise en scène de Laurent Natrella, sociétaire de la Comédie Française, est empreinte de sensibilité. Les colères de ces quatre écorchés sont tempérées par la tendresse qui les unit. Quatre destin réunis par l’amour d’un couple. Quatre gamins à qui la guerre a volé l’enfance pour en faire des adultes précoces, des êtres brisés qui toute leur vie lutteront contre ces terreurs enfouies dans leurs cauchemars et leurs phobies.

La qualité de l’interprétation nous met en empathie avec ces quatre personnalités tranchées, attachantes et émouvantes. Avec une mention particulière pour Olivier Dote Doevi.

Christine Eouzan