A LA MANU : « EST-CE QUE VOUS POUVEZ LAISSER LA PORTE OUVERTE EN SORTANT ? »
LEBRUITDUOFF.COM – 11 juillet 2017
« Est-ce que vous pouvez laisser la porte ouverte en sortant ? » – Mes : Sopie Rousseau d’après un texte d’Antoine Lemaire – La Manufacture à 14h55 – durée 1h15 (relâche les 12 et 19 juillet)
Comme du théâtre dans le théâtre, les deux comédiens interprètent ici la pièce en indiquant chaque scène en didascalies. Il n’est pas question ici de réalisme mais seulement d’amour. Comment reconstruire un amour perdu quandles bases ont changé et quand l’un des deux est parti sur un autre chemin ?
Elle a 70 ans, elle rentre un jour à trois heures du matin après être partie toute la journée, ne sachant pas ce qui s’est passé durant ces longues heures d’absence. Au fil des jours ils vont découvrir qu’elle est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Oubliant chaque jour un peu plus les gestes les plus simples son mari va l’internée dans une institution spécialisée où ils vont peu à peu se redécouvrir et recréer les conditions d’un nouvel amour comme aux premiers jours de leur rencontre.
Les scènes s’enchaînent rapidement, tantôt réalistes, tantôt cassant ce fameux quatrième mur. Les deux comédiens nous livrent cette déchéance et cette résurrection idéalisée. Le sujet est lourd mais le texte fin et sans pathos d’Antoine Lemaire permet de ne pas tomber dans une pleurnicherie excessive. L’auteur est aussi sur scène pour interpréter ce mari désabusé, ce mari lui aussi écrivain qui tient son texte sur scène parfois comme une répétition de sa propre vie… Troublante mise en abyme qui parvient même à nous faire douter du vécu de l’auteur.
Face à lui, Murielle Colvez joue cette femme sombrant dans la maladie de l’oubli. Parfois piquante, toujours aimante, la comédienne joue avec finesse sur le fil de la folie sans perdre le spectateur. Un joli moment de théâtre qui nous parle avant tout d’amour, un amour idéal et absolu au-delà de la maladie.
Pierre Salles
LE BRUIT DU OFF 