AUX HIVERNALES : « LA MECANIQUE DES OMBRES », BELLE MECANIQUE
LEBRUITDUOFF.COM – 13 juillet 2017
« La mécanique des ombres » – Naïf production – CDC Les Hivernales – du 9 au 19 juillet 2017 à 14 h (relâche le 13)
Sylvain Bouillet, Mathieu Desseigne et Lucien Reynes ont présenté aux Hivernales 2017 leur dernière création saisissante: « La Mécanique des Ombres ». Ils créent et codirigent depuis 2014 NaïF Production, Cie avignonnaise, et sont artistes associés au CDC pour trois ans depuis septembre 2016. Tous danseurs-acrobates, ils questionnent le vivre ensemble au travers d’un langage sensible et singulier…
Pas d’ombre portée car le noir est absolu. Seul un fond sonore angoissant (création originale de Christophe Ruetsch), tel un bruit résiduel, va crescendo et saisit un public en suspens. Jusqu’à l’entrée en matière de la lumière faisant basculer au plateau le public et ces trois silhouettes « échouées ». Vêtues d’un jean, pull à capuche et d’un voile occultant leur visage; symbole d’identité première, elles exploitent cette figure « vide », creux identitaire, sous différents prismes. Pour se faire le plateau est cerné au sol d’un rectangle révélant un espace d’exposition, un laboratoire humain. L’inertie fait place progressivement à leur activation, elles entrent en communication. Au sol, elles se répondent par secousses, se débattent et se désarticulent jusqu’au temps du mime, rythmé par une gestuelle parfaitement synchronisée, laissant entrevoir l’accord…
Par une chorégraphie physique où les trois danseurs semblent inlassablement sur un fil parce que défiant les lois de la gravité, les gestes tendent peu à peu à s’arrondir, s’harmoniser, s’ouvrir pour aboutir à des portés, synonyme d’élévation par l’autre puis à une ronde renvoyant à l’impossible construction sans le groupe.
« La Mécanique des Ombres » est une pièce d’une rare intelligence tant la chorégraphie, la mise en scène et la musique s’imbriquent avec beaucoup de justesse pour répondre à cette quête d’identité. Au-delà de son esthétique plastique, la figure « vide »absorbe et dérange tout autant que chacun peut y projeter l’émotion qu’il veut et en ressort indéniablement secoué.
Audrey Scotto
Photo Elian Bachini