« CONCEVABLE SILHOUETTE DU NOUVEAU PRESENT QUI TUE », ARTISTES DEVASTES POUR UN « OFF » DEVASTE

LEBRUITDUOFF.COM – 24 juillet 2017

Avignon Off – « Concevable silhouette du nouveau présent qui tue » Au théâtre des 2 Galeries jusqu’au 30 juillet à 20h30 (1h10) – Compagnie Rascar Capac – De, par et avec Elie Salleron.

Écrit et monté en un mois pour remplacer un spectacle annulé en 2016, le premier opus « Inconcevable silhouette du nouveau futur qui tue » avait déjà un pitch accrocheur « Ils rêvent d’un nouveau futur, où le citoyen sera définitivement émancipé du système. La directrice de l’école Frédéric Mistral à Avignon et un Robot créé en 322 avant J.C. leur prêtent main forte. » C’était simple, drôle, grinçants et ça se moquait du théâtre subventionné et en particulier du Festival d’Avignon et de Olivier Py avec intelligence, créativité et simplicité. La compagnie revient cette année avec « Concevable silhouette du nouveau présent qui tue », pour nous raconter sa vision du festival Off avec un pitch tout aussi séduisant : « Dans un Avignon dévasté, des artistes dévastés dévoilent leurs ambitions, vouées au désastre ».

Les amateurs du précèdent opus pourront être surpris. La compagnie travaille en effet sur le ressenti propre à un sujet. La compagnie parlait du « In » avec une esthétique épurée, de l’humour pince-sans-rire et un peu geek (à l’instar par exemple de l’excellente compagnie  » l’Amicale de Production « ). Rascar Capac nous emmène cette fois-ci dans une représentation bruyante, bordélique, envahissante et parfois même désagréable, et peut-être que si l’on ne connait pas le travail de cette compagnie on peut se dire que c’est brouillon et amateur. Mais en ayant déjà vu de quoi ils sont capables, cette impression générale apparait à l’évidence comme la forme idéale pour parler du Off. Car le Off n’est pas réductible à un sujet, à un théâtre, à une rue mais c’est bien une ambiance générale dans laquelle on flotte mais qui nous submerge parfois. Et lorsque l’on condense toute cette diversité en 1h10 ça nous donne effectivement quelque chose de bruyant, parfois invivable, généreux, joyeux et largement drôle.

Cette compagnie est décidément forte, car elle s’adapte au sujet qu’elle pénètre, et en adopte les codes. Les protagonistes sont un saxophoniste qui joue de la musique du Mozambique, un autre qui joue du John Coltrane à la flûte à bec et un autre qui veut porter la figure de Végéta dans Dragon Ball Z à l’excellence du théâtre tragique, sans oublier le spectateur-artiste qui est mieux que tout le monde. Tous ces protagonistes sont mus par l’envie de bien faire mais on sait tous que les mauvais spectacles sont pavés de bonnes intentions. Et à partir des personnages très caricaturaux du début, les comédiens font apparaître des nuances, mais sans jamais perdre de leur radicalité. Car après avoir adopté les codes du Off, ils se les approprient, les détournent et les exacerbent. Si bien que du mauvais goût, on bascule dans l’insupportable puis d’un coup dans le rire, et ainsi de suite. Ce spectacle n’est pas une attaque bébête au Off mais bien une déclaration d’amour intelligente déguisée en lynchage amateuriste. La question est : aimez-vous le Off à en faire une overdose ?

Baptiste Rol

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