RENCONTRE : EDOUARD HUE, CHOREGRAPHE DE « MEET ME HALFWAY » AU GOLOVINE
LEBRUITDUOFF.COM – 28 juillet 2017
Rencontre avec Edouard Hue – Chorégraphe et danseur de la Cie Beaver Dam ( » Meet me halfway « ) – Théâtre Golovine à 18 h 30 jusqu’au 30/07.
BDO : Comment présenterais-tu ta dernière création ?
Edouard Hue : Il y est question du » compromis » ; Comment les individus arrivent à négocier ou partager une même chose qu’ils désirent. Notamment dans l’espace, mon travail étant de manière générale basée sur les sensations et l’émotion, où le corps est très engagé afin de faire entrer le spectateur dans un univers. Donc sur la base du » compromis » et avec tous ces matériaux de base de la compagnie, nous arrivons à » Meet me halfway » (Rejoins-moi à mi-chemin). Nous avons une première personne qui évolue dans cet espace fragile, dont nous devons prendre soin, puis la deuxième fait son entrée et veut aussi se l’approprier, comment les deux arrivent-ils à le négocier. Une guerre diplomatique arrive sur scène…
En terme de scénographie ?
Le plus important, selon moi étant les danseurs, le corps, elle y est donc minimaliste. Une simple lampe, descendue par un fil, illumine les corps en » clair-obscur « .
Et comment as-tu relié » compromis » à question de l’intime ?
Intime dans son sens de précieux. Dans les ténèbres, il y a quelque chose qui rayonne comme une étoile attirée par ça. Comme une espèce de cocon qui se forme, qui exploserait complètement l’espace, tout en y explorant sa convoitise…
Dirais-tu qu’il y ait une évolution dans ton travail ?
La Compagnie Beaver Dam existe depuis trois ans. Les premières pièces furent » instinctives » jusqu’à progressivement se questionner sur la direction à prendre. Justement là, j’ai eu le mentoring avec Olivier Dubois, mis en place par la Fondation Pro-Helvetia, qui m’a permis de faire des choix concrets; Est-ce que j’ai envie d’aller vers le mouvement pur ? Est-ce que ça va être plus l’émotion et la sensation ? Ou quelque chose d’intellectuel, conceptuel ? etc. Une sorte de période test. Comme je te l’évoquais au départ, j’ai envie d’ouvrir un univers et de sortir de la planète terre. Tu rentres dans le théâtre et » bam ! » t’es transporté ! Je dirais donc aussi une danse basée sur l’instinct, le moment présent ; nous sommes des femmes et des hommes qui vont danser et toujours dans cet objectif de découvrir un mouvement, une forme qui n’est pas humaine, sortir de l’enveloppe…
Propos recueillis par Audrey Scotto
La critique sans bla-bla ni chichi !
Une éloge à la lenteur et à la douceur ! Les trois danseurs, Félix Héaulme, Edouard Hue et Erin O’Reilly suspendent le temps tout comme la lampe qui éclaire et fragmente leurs corps. La pièce évolue crescendo. Tout commence par une chorégraphie aérienne qui plonge le spectateur dans un état méditatif ; les corps des danseurs à la gracieuse souplesse s’entremêlent et se frôlent jusqu’à faire perdre toute notion anatomique, telle une déconstruction du corps. Dans une quasi obscurité, propice à l’introspection, les gestes sont suaves et millimétrés. Puis la musique s’intensifie, une danse en » surplace » laisse les corps se déployer peu à peu jusqu’au contact. Ils combattent, se disputent l’espace. La chorégraphie renvoie soudain à un art martial, mais toujours en douceur…en compromis ? Bref, le tout jeune Edouard Hue (25 ans) signe, ici, une prouesse chorégraphique emplie de grâce et poésie. Les danseurs ne seront pas les seuls à sortir de leur enveloppe charnelle et à entrer dans un univers parallèle ; une sensation d’apesanteur émanera de chaque spectateur : magique…
A.S
Photo : Meet Me HalfWay ®-Zoé Dumont