« QUI SUIS-JE ? », UN SUJET SENSIBLE TRAITE AVEC LEGERETE ET HUMANITE
LEBRUITDUOFF.COM – 13 juillet 2018.
AVIGNON OFF : « Qui suis-je ?» D’après le roman de Thomas Gornet – Mise en scène : Yann Dacosta – Dessinateur : Hugues Barthe – Théâtre 11.Gilgamesh à 14h40 du 6 au 27 juillet 2018 (relâches les 11 et 18 juillet)
Jolie découverte que ce spectacle mis en scène par Yann Dacosta qui indiquait il y a peu que lire ce type de livre et peut-être voir ce type de spectacle lui aurait ôté bien des poids étant adolescent. Vincent (Côme Thieulin) a 14 ans, blanc et taillé comme une endive, il est l’objet de toute les brimades tant il est loin de l’élève bagarreur et fort en sport. Lui est plutôt bon à l’école et déteste le sport. Vincent est cet adolescent qui va découvrir peu à peu sa sexualité par le trouble qu’il perçoit quand il est au vestiaire et qu’il découvre le corps dévoilé de ses camarades.
Le texte n’emmenant ni pathos ni souffrance excessive, le metteur en scène Yann Dacosta a imaginé une immersion dans le monde de Vincent qui prend vie sous nos yeux à l’aide de planches vidéos projetées et de jeux avec les comédiens (Théo Costa-Marini et Manon Thorel) qui interprètent tous les autres personnages, tantôt en jeu réel avec Vincent tantôt en ombres chinoises intégrant en live les planches de la BD. Le trio d’ados copains, composé de Vincent, Myriam et Aziz va passer cette année à grandir, Vincent en découvrant l’amour sans qu’en retour il ne se passe rien, Myriam en amie toujours là et compréhensive, et Aziz, copain qui ne restera pas après cette année charnière de la découverte de soi. Au milieu de ces amis, une ribambelle de personnages souvent très drôles et rudement bien croqués.
Aborder le thème de l’homosexualité avec des enfants n’est pas chose évidente pour certains parents et la force du texte et de la mise en scène est de présenter cette problématique avec énormément de finesse et de légèreté. Même si les obstacles ne sont pas mis de côté, le metteur en scène s’attache à démontrer que Vincent n’est qu’un ado comme les autres mais avec ses propres questionnements. Un spectacle qui n’est pas réservé aux ados, loin de là, chacun doit pouvoir comprendre ce désarroi et ces questions qui peuvent laisser des traces indélébiles sur des enfants fragilisés.
Un beau spectacle léger et agréable.
Pierre Salles
Photo Arnaud Bertereau