« PENSER QU’ON NE PENSE A RIEN C’EST DÉJÀ PENSER QUELQUE CHOSE » , COGITO ERGO SUM
LEBRUIDUOFF.COM – 24 uillet 2018.
AVIGNON OFF : PENSER QU’ON NE PENSE A RIEN C’EST DÉJÀ PENSER QUELQUE CHOSE / mes Pierre Bénézit / Théâtre des Béliers / 12h45 / vu le Vendredi 20
Paulbert et Gérald son deux cousins qui font commerce de conversations. Ils les écrivent, les jouent, les peaufinent, et les livrent à leurs clients (ou plutôt à leur client, car visiblement le buisness n’est pas florissant). Avec Barbara, qui rentre par hasard dans leur échoppe (une pièce vide contenant seulement quelques chaises) en cherchant une bouteille de vin, ils vont nous entraîner dans de grandes discussions métaphysiques tout au long de ce huit clos.
En échangeant sur la nature du temps et l’origine du langage, les trois compères s’évertuent à répondre à des questions métempiriques, celles-là mêmes que l’on peut se poser lorsque l’on est enfant : comment décide-t-on d’attribuer tel mot à tel objet, est-ce que les concepts viennent avant les mots ou vice versa ? et se perdent en affirmations souvent absurdes. L’un est convaincu que plus le temps passe, moins il y a de futur, l’autre que tout a déjà été fait et dit, et que tous nos échanges ne sont que répétition. Pour lui, le livre le plus déprimant de l’histoire c’est l’annuaire, car on y trouve des centaines d’homonymes. Barbara elle, est persuadée qu’on peut ralentir le temps en fréquentant des personnes qui nous ennuient, car en leur présence le temps passe plus lentement.
Les comédiens, Vincent Debost, Olivier Broche (Les Deschiens) et Anne Girouard (la reine Guenièvre dans Kaamelott), servent avec brio le texte, en incarnant des personnages touchants qui se questionnent sur le fonctionnement du monde et cherchent des certitudes auxquelles se raccrocher.
Au final, cela donne une pièce originale et drôle, à la mise en scène simple et épurée, une parenthèse philosophique qui aborde des thèmes universels avec une belle légèreté.
Claire Burguiere