« LA MACHINE DE TURING », UNE BELLE MACHINE THEÂTRALE
AVIGNON OFF 19. La Machine de Turing. – De Benoît Soles – Mise en scène de Tristan Petitgirard – avec Benoît Soles, Amaury de Crayencour – Théâtre Actuel – Du 5 au 28 juillet à 10h10.
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« C’est l’histoire d’un homme qui court. Son cœur bat à plein régime dans sa poitrine. Et dans son cerveau irrigué par l’afflux sanguin, des équations à de multiples inconnues se résolvent. Après quoi court-il, après quel savoir, après quel mystère ?« .
Le rideau se lève sur « un mur d’images » dont on découvre et devine qu’elles sont un condensé, un accéléré de ce qu’a vécu Alan Turing qui, sous les traits de Benoît Soles, maintenant, entre en scène.
Face à nous, Benoît Soles est Alan Turing, l’homme scientifique qui déchiffra, en secret, de part son génie mathématique, la machine « Enigma », dont se servaient les Allemands pour crypter leurs messages.
Le ton est donné. Benoît Soles donne corps et voix au mathématicien empêtré à la fois dans une gestuelle maniérée, et dans un langage vernaculaire dont il prend plaisir à parler face à l’inspecteur, interprété par Amaury de Crayencour, qui recueille sa plainte pour vol.
Le face à face entre les deux hommes va nous entraîner sur les traces de ce cryptographe génial, longtemps ignoré du public. Soles/Turing est habité par son personnage de scientifique ; lui qui s’interroge, naturellement : » les machines pensent-elles ? ».
Benoît Soles nous offre une partition du personnage de Turing défendant une image, celle d’être, indubitablement, un homme le plus honnête possible.
La dimension poétique n’est pas absente, peut être du fait que le scientifique ne peut pas tout dire de son travail secret, mais accepte de révéler son homosexuallité.
La tension, l’émotion, sans oublier l’humour vont crescendo tout au long de la pièce. Les spectateurs, les yeux embués, et un tonnerre d’applaudissements ont salué cette magnifique prestation.
André Michel Pouly
Lors d’une interview, Benoît Soles expliquait sa « rencontre » avec Alan Turing. Il y a une dizaine d’années, en pianotant sur son IPhone à la recherche d’un événement autour d’une pomme, Benoît Soles découvre, par hasard la pomme de Turing (hommage à Blanche Neige). Il découvre alors la vie de ce mathématicien, cryptographe génial, précurseur de l’informatique et de l’intelligence artificielle, méconnu du public et notamment des anglais. Un anglais, a l’origine d’une pétition pour cet homme, condamné pour son homosexualité alertera, en 2008 Gordon Brown, Ier ministre anglais de l’épique, qui déclare ne pas connaître Alan Turing. Cette histoire fascinera Benoît Soles qui, après 7 ou 8 versions, nous livrera le chef-d’œuvre actuel, récompensé par 4 Molieres.