« AFTER THE END », HUIS-CLOS GLAÇANT
LEBRUITDUOFF.COM – 10 juillet 2019
AVIGNON OFF 19. « After the end » De Dennis Kelly mise en scène de Antonin Chalon à La Manufacture à 13h40 – du 5 au 25 juillet (relâche les 11, 18 juillet).
Huis clos glaçant que cet « After the end » dans les murs de la Manufacture. Louise se réveille face à Marc, un ami qui vient de la sauver en lui faisant partager son bunker suite à une explosion nucléaire terroriste.
Dès le début et malgré la chaleur omniprésente durant ce Off 2019, l’atmosphère est glaçante. Dans un décor très réaliste les jours de survie et d’attente s’enchaînent au cœur d’une relation se tendant au fil des minutes. Le comédien Xavier Guelfi dans le rôle de Mark tire sur la corde, tour à tour ancienne victime et sujet de dérision de la part de la bande d’amis de la jeune Louise, interprétée par marie Petiot, ou homme colérique prêt à tout pour faire accepter ses règles et son bon vouloir. Mark devient peu à peu le bourreau de Louise.
Dans ce huis clos il ne s’agit bien sûr pas de terrorisme mais plus d’une déconstruction de l’Humanité de Mark. Jusqu’où sommes-nous prêts à aller dans ces situations ? Qu’est ce qui fait de nous des hommes et comment bascule-t-on dans la barbarie ? Même si ce spectacle ne permet pas de répondre à ces questions complexes, il permet néanmoins de poser quelques bases et, au-delà du dégout légitime que peut susciter un « Mark », d’imaginer nos réactions dans une telle situation.
Les deux comédiens, chacun dans un registre différent, offrent un juste équilibre et ne tombent jamais dans la caricature. Xavier Guelfi dans le rôle d’une sorte de psychopathe schizophrène et manipulateur est convaincant dans ses changements subits d’attitudes. Toujours à la limite de la folie et de l’excès il parvient à garder cette réserve propice aux malaises et à la peur des spectateurs quand face à lui Marie Petiot offre une Louise convaincante et dénuée de manichéisme. Nul héros ici mais seulement une personne résignée et décidée à survivre.
Une mise en scène réaliste, souvent drôle malgré tout, sur un texte, qui, même s’il n’apporte rien de nouveau dans une pièce de huis clos, reste avant tout malin dans le traitement et l’analyse des rapports humains dans le cadre de situations extraordinaires.
Pierre Salles