« LA CLAIRIERE DU GRAND N’IMPORTE QUOI » : JUBILATOIRE !

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LEBRUITDUOFF.COM – 22 juillet 2019

AVIGNON OFF 19. « La clairière du grand n’importe quoi » – De et avec Alain Behar. – à Artephile, 7 rue du Boug Neuf à 16h 35, relâche les dimanches.

Alain Behar est un petit homme truculent, avec une légère calvitie, le nez en trompette et les oreilles écartées, une sorte de hobbit facétieux et génial, son écriture nous emporte comme un torrent de boue verte, celle qu’on récolte sur les bords de la mer noire, qui rafraîchit les corps, guérit les exémas et les entorses, et transfère un maximum de minéraux dans les corps fatigués des quinquagénaires.

2147: un rapport de l’ONU demandé à des économistes distingués et experts, stipule qu’en 2147 l’Afrique sera à peu près sortie de son marasme économique et que, ma foi, en attendant cette date, il faut attendre et patienter.

Attendre et patienter…. Je pense que c’est l’énormité de cette phrase qui a servi de déclencheur à ce beau texte foisonnant d’images se bousculant les unes les autres, comme une armée de dominos, racontée d’un seul tenant dans une buée de transpiration et une écume de postillons. Des fleuves de lait inversant leurs cours et remontant à la source, des Inuits du Ghana, attaqués par des rats, la terre se mettant à tourner plus vite que son ombre, et s’arrêtant dans un grand crissement apocalyptique. Le cours des choses est secoué, la terre cale comme une voiture qui pète une durite.

Les modifications du climat et la crise économique engendrent des mutations, qui s’enchaînent plus vite que leur ombre, jusqu’au récit de la traversée apocalyptique, d’un naufrage d’une banalité dramatique racontée avec l’ironie du désespoir sur le mode touristique, comme une promenade de santé.

Voilà à peu près pour le contenu, compact comme une boite de roast-beef, qui nous est asséné avec bonheur dans un mouvement jubilatoire et désespérée, une gesticulation fébrile voire clownesque.

Voilà, Alain Béhar est un clown qui ne veut pas le paraître, en chemise et sans nez rouge, tour à tour inquiet, nerveux, truculent, affolé, traversant le pire avec innocence feinte, hilarant et tragique dans une logorrhée de visions extirpées d’un imaginaire qui s’affole et délivre des images à une allure exponentielle exactement comme la glace fond en Arctique.

Un spectacle performance, qui dans sa forme et le regard qu’il nous oblige à adopter, rejoint l’art contemporain. Un texte tragique, jubilatoire et splendide.

Claire Denieul

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