« PARKOUR », RECIT D’UNE EMANCIPATION
lebruitduoff.com – 27 juillet 2021
AVIGNON OFF 2021. « Parkour » – m.e.s. : Nathalie Grenat – au théâtre Le Transversal – jusqu’au 27 juillet 2021 à 11h45 – durée 1h.
Le journaliste Gérald Dumont arrive dans le studio de la radio où il travaille, homme de prime abord d’un style farfelu, il cherche ses affaires dans son cartable, aligne méticuleusement les objets sur son bureau. Le micro devant lui, il commence son émission, raconte l’histoire de la jeune Fathia qui a grandi dans la banlieue parisienne, au destin déjà prévu par sa famille, un mariage imposé et une vie vouée à son mari. Fathia prend conscience de la situation et se détourne de ce futur qui ne lui fait nullement envie.
Le texte écrit et interprété par Gérald Dumont, prend son origine sur l’envie d’écrire un texte sur « les flics ». C’est à la sortie d’un spectacle que l’auteur rencontre Fathia dans l’exercice de ses fonctions de policière, au fil de leurs conversations Fathia lui livre son parcours surprenant et déstabilisant. La jeune femme accepte une interview avec l’auteur du texte où elle se livrera sans retenue.
L’histoire de Fathia ne peut qu’émouvoir le public tant elle s’est battue et défendue au prise d’une famille traditionaliste qui n’a que faire des ressentis, projets ou avenir de sa « victime », utilisée comme un objet de transaction qui doit obéir sans jamais se rebeller. Fathia de par son courage et sa volonté de sortir de ses origines culturelles ne deviendra pas la femme de Bilal.
Cette expérience tragique qui se répète pourtant encore trop souvent de nos jours, met sous lumière les pratiques du mariage forcé, de la soumission imposée de la femme, de l’emprise de la famille alors que cette jeune émigrée rêve d’émancipation.
C’est avec une pointe d’humour que ce déroule le spectacle, non par le récit difficile mais par les fanfaronnades du journaliste assis derrière son bureau, qui se croit seul dans son studio radio ; mais le public est bel et bien présent pour l’observer, pendant les entractes musicaux se succèdent des pitreries « bon enfant ».
Le choix de la mise en scène est bien éloigné des conteurs de faits divers tragiques comme Pierre Bellemare, Hondelatte ou autre Fabrice Drouel qui eux adoptent un ton grave qui accentue le suspense, Gérald Dumont quant à lui incarnera le journaliste détaché du texte angoissant afin de proposer un récit à l’image de sa personnalité atypique et loufoque, le texte résonne donc sans noirceur excessive. Un spectacle divertissant, le texte primant néanmoins sur le spectacle.
Béatrice Stopin
Bien essayé…mais pas réussi.
Plutôt qu’un seul en scène intense sur un destin poignant , la pièce est le récit de l’émancipation de Fathia , par un journaliste désabusé.
Hélas le propos en perd sa force .
Les épisodes de la vie de Fathia sont mollement évoqués entre des intermèdes musicaux ou radiophoniques peu convaincants et la conclusion ne fait qu’effleurer le malaise qu’elle doit continuer à affronter dans sa carrière ( elle a dû arrêter son frère 😳! )
Un épisode sympa : un commissaire débonnaire qui la recherchait comme signalée disparue par sa famille , comprend sa détermination à endosser l’uniforme et l’aiguille habilement vers le recrutement d’adjoints de sécurité, marchepied de la carrière de gardien de la paix.
Bon pour une fin de festival , ça passe facilement …mais je me répète : y’avait mieux à faire