LE BRUIT DU OFF

Lebruitduoff.com – 26 juillet 2023

AVIGNON OFF 23. « Dracula Lucy’s Dream » de Bram Stoker – Adaptation visuelle de Dracula, Yngvild Aspeli – A la manufacture du 7 au 24 Juillet à 9h30.

Comme le laisse présager le titre il s’agit là avant tout d’une interprétation du début de roman de Bram Stoker et plus particulièrement de ce moment où la jeune fille Lucy se fait mordre par le comte Dracula.

Yngvild Aspeli, marionnettiste, comédienne et metteuse en scène norvégienne, devait présenter Moby Dick au Festival d’Avignon 2020 mais le covid avait contraint le Festival à l’annulation de ce spectacle. C’est avec la même poésie que la metteuse en scène propose cette fois ce magnifique spectacle autour de « Dracula » mais surtout autour des rêves et tourments intérieurs de la jeune Lucy. Sur scène seulement cinq comédiens incarnent la totalité des rôles, du docteur ou de Lucy en passant par des assistants mais aussi Dracula lui-même qui se transforme en loup ou en chauve-souris.

La force d’Yngvild Aspeli n’est pas de donner quasiment vie à toutes ses marionnettes, même si cela est souvent bluffant, mais de donner le sentiment qu’elles sont habitées de leurs propres émotions et d’une âme. Les manipulateurs endossent un autre rôle que celui de simple manipulateur et passent du jeu d’acteur à celui de manipulateur en quelques secondes dans des va-et-vient époustouflants entre les deux fonctions. D’un indéniable esthétisme le spectacle ne peut laisser indifférent et les yeux des spectateurs brillent comme ceux d’un enfant plongé dans cet univers fantastique. Mais Yngvild Aspeli ne se contente pas de fournir cet extraordinaire et poétique visuel, elle nous offre aussi une lecture différente de celle qu’on peut avoir au premier abord de Dracula, quelque chose relevant plus de l’intime.

Un spectacle poétique qui sait faire oublier toutes les contraintes liées à la manipulation de marionnettes. De la mise ne scène à la lumière en passant par une musique intrigante, rien ne manque à la réussite. A ne pas louper.

Pierre Salles