AVIGNON OFF 2012 : FOCUS SUR L’ENTREPÔT ET TROIS PROPOSITIONS
FOCUS : L’Entrepôt Théâtre avec trois spectacles : HHhH, Pacamambo, Piscine (pas d’eau).
L’Entrepôt est situé au 1ter boulevard Champfleury, juste derrière la gare TER, à cheval entre l’intérieur de la cité papale et le quartier de Montclar, quartier plutôt «chaud» d’Avignon. Le lieu est dirigé par Michèle Addala et fonctionne tout au long de l’année par le biais d’ateliers auprès de publics en difficultés sociales ou psychologiques et propose des résidences artistiques.
En juin, les Rencontres des ateliers présentent les travaux de l’année puis les jeunes sont accompagnés à des spectacles du IN et du OFF. «J’ai amené un groupe à l’Opéra pour une générale hier. C’était très intéressent de les accompagner dans un lieu aussi impressionnant pour un spectacle qu’ils n’auraient jamais eu l’idée d’aller voir seuls» confie Magali qui donne des cours à l’année et s’occupe occasionnellement du bar et du standard pendant le festival.
Quelques tables et bancs, pas de déco particulière, laissant un lieu brut qui porte bien son nom : l’entrepôt. Pascal Billon, le directeur adjoint nous parle des Rendez-vous de l’entrepôt, quasiment tous les soirs à 21h30. « C’est un coup de pouce à des compagnies qui n’ont pas un rond. Nous perdons un créneau mais nous avons le plaisir de créer un temps de rencontres festives. Ce sont des rendez-vous qui attirent les artistes ainsi qu’un public qui vient pour se détendre, voir un spectacle musical en mangeant. Et puis les tarifs sont vraiment abordables. » Les spectacles présentés sont choisis en fonction de leurs thématiques, subversives ou qui posent question. Le lieu ne programme que du théâtre en journée.
En plus des rendez-vous de l’entrepôt, 5 spectacles se partagent l’affiche : deux Shakespeare revisités et trois auteurs contemporains :
13H20 : HHhH (1h15) d’après le roman de Laurent Binet
Adaptation et Mise en scène : Laurent Hatat avec Olivier Balazuc et Leslie Bouchet.
«Comment raconter ça ?» Un homme décide d’écrire sur Heydrich, chef de la Gestapo et planificateur de la solution finale : LE salaud par excellence. Afin d’être totalement exhaustif, il se documente énormément, se fait happer par l’Histoire au détriment de son histoire d’amour. La performance d’Olivier Balazuc, comédien humain et vivant au débit fluide et à la diction concrète nous capte dans cette fascination névrotique et malsaine de l’auteur pour son sujet.
15H25 : Pacamambo (1h15) de Wajdi Mouawad.
Mise en scène de Marie Provence avec Marion Duquenne, Francesca Guiliano, Jean-Jacques Rouvière, Sophie Lacoste et Marie Provence.
Les acteurs font ce qu’ils peuvent avec peut-être le seul texte de Wajdi Mouawad raté et une mise en scène poussive qui marie mal onirisme et réalité.
17h30 : Piscine (pas d’eau) (1h20) de Mark Ravenhill, traduction J-M Lantéri.
Mise en scène : Cécile Auxire. Avec C. Mirabel, C. Lhuilier, D. Suissa et P. Mélé.
Un groupe d’artistes underground tout droit sorti de l’œil du cyclope nous raconte son histoire. Comment trois sont morts du sida et de la drogue, et comment une seule des artistes du groupe à réussi à devenir une star internationale. Elle invite tous ses copains never-has à faire un saut dans sa nouvelle piscine.
La pièce met en pratique l’expression : «le malheur des uns fait le bonheur des autres» et parle de la jalousie, sentiment si humain que nous connaissons tous un jour ou l’autre. La mise en scène est pertinente, juste et iconoclaste ; le spectacle est un brin trash, tout en restant toujours sur la corde, sans jamais tomber dans le convenu ni dans le vulgaire, sans doute grâce au second degré qui se dégage des comédiens qui se font tour à tour personnage ou narrateur.
Cela rajoute une distance qui allège le propos, même si la pièce est vraiment prenante grâce à l’interprétation magistrale du duo de tête : Cécile Auxire elle-même et Christophe Mirabel, beaux dans leur laideur, sympathiques dans leur antipathie.
Bruno Paternot
LABEL OFF ® : spectacles recommandés par lebruitduoff.com.
Visuel : Piscine (pas d’eau) du Gazoline Théâtre à L’Entrepôt.
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pas quartier « chaud » !!! quartier populaire, normal quoi …. c’est pas st germain, pas non plus une zone militarisée !
Je n’ai pas pour habitude de commenter les articles mais je dois absolument réagir à la critique insignifiante de Bruno Paternot car j’ai vu Pacamambo cette semaine au Festival d’Avignon, c’est une spectacle sublime, intelligent, touchant avec une mise en scène et des comédiens remarquables !
Merci, Thibaut