AVIGNON OFF : « DES AMOURS », TCHEKHOV REVISITE COMMEDIA AU THEATRE DE L’OULLE
LEBRUITDUOFF.COM / 16 juillet 2013
Des Amours (Anton Tchekhov) – Théâtre de l’Oulle – du 8 au 28 juillet (jours pairs) à 16h30 – durée 1h30
Ce spectacle, intitulé judicieusement « Des Amours ou la grande traversée des sentiments », regroupe trois courtes pièces d’Anton Tchékhov mises en scène par Yannick Laubin dans une nouvelle traduction de Virginie Symaniec.
Il permet de redécouvrir un aspect sans doute moins connu du théâtre de Tchekhov qui joue de malice dans ces trois pièces incisives, cocasses, parfois absurdes, qui évoquent le sentiment amoureux sous des angles très différents à travers des personnages hauts en couleurs. Malgré l’option résolument comique de ce théâtre, on y perçoit toujours la passion et les tourments de l’âme russe, la difficulté de communiquer et de vivre ensemble.
Dans « La Demande en Mariage » tout est pour le mieux puisque le couple est amoureux et que le père est enchanté par la demande de la main de sa fille. Mais la passion tout court l’emporte sur la passion amoureuse et tout dégénère dans des disputes sur des sujets futiles. L’Amour finit par triompher mais on imagine que le couple vivra une union agitée.
La mise en scène est légère, enjouée, avec un clin d’œil à la Commedia dell’arte. Les acteurs sont drôles et convaincants. Un court entracte permet un sympathique moment de convivialité avec les comédiens qui offrent le champagne (du cidre bien sûr) au Public.
La deuxième pièce, « Les Méfaits du Tabac », est un petit joyau d’humour. Un vieux monsieur, fatigué, sans doute un peu gâteux, vient faire une conférence sur le tabac à la demande de sa femme pour ses bonnes œuvres. Il en profite pour évoquer sa médiocre vie auprès d’une terrible épouse.
Ce texte malicieux est joué avec beaucoup de finesse et de tendresse. L’effet comique est omniprésent mais on est pris de compassion pour ce pauvre homme. Toujours le thème de l’Amour mais quand celui-ci se délabre et devient une oppressante geôle.
« L’Ours » est la rencontre d’une veuve éplorée et d’un officier venu réclamer une dette du mari défunt. La passion, l’impertinence, les états d’âme de l’officier conduisent à un duel qui débouche en fait sur un vif sentiment amoureux. D’un style très différent cette pièce est jouée en mêlant réalisme et fantaisie et manque parfois d’homogénéité.
Une violoniste accompagne l’ensemble du spectacle avec des accents d’inspiration russe et manouche et apporte une touche de légèreté supplémentaire. Le spectacle est monté sur tréteaux suivant les principes du théâtre forain. Il s’agit véritablement d’un théâtre populaire, divertissant et de qualité, accessible à un large public.
Ces « miniatures » se laissent déguster avec plaisir.
Jean-Louis Blanc