AVIGNON OFF : « QUENTIN, WOODY, STEVEN ET MOI » AU THEATRE DES BELIERS
LE BRUIT DU OFF 15 juillet
« Quentin, Woody, Steven et moi » mis en scène par Émilie Broust au Théâtre des Béliers jusqu’au 27 juillet à 14h20.
« Grenier de la VHS, bonjour… »
Fredo, cinéphage compulsif est à ce jour, propriétaire du dernier vidéo-club de France.
Croulant sous les dettes, il faut dire qu’en 2014, plus âme qui vive ne loue ce genre de support ! Si ce n’est Mr Paradis, octogénaire en son état, atteint qui plus est de la maladie d’Alzheimer.
Fredo, se retrouve donc contraint, l’insistance de la banque incessante, lui rappelant sa situation, à fermer son entreprise. Entreprise, ou plutôt sa vie…
Des mois durant, il essaie tant bien que mal de se séparer de ses biens les plus précieux. Ses cassettes vidéo, sous le regard de sa femme Clotilde, ne supportant plus de vivre avec un homme perdu depuis longtemps. La séparation est imminente, aussi il tentera tout ce qui lui est possible afin de retenir la femme qu’il aime.
La pièce remonte le temps, ponctuée par des souvenirs de cinéma, la naissance de leur amour, de leur rencontre au lycée à la naissance de leur fille « Holly », aujourd’hui adolescente. De Woody Allen à Steven Spielberg, en passant par Quentin Tarantino, Luc Besson, Rocky, 007, et les autres, cette pièce est un plongeon dans notre propre cinémathèque permettant une rétrospection intérieure inattendue. Des souvenirs plus ou moins joyeux, plus ou moins émouvants, jalonnés par une filmographie comique, dramatique, si ce n’est relevant de l’horreur avec un remake de « L’exorciste », brillamment interprété ! Âmes sensibles, s’abstenir ! Julie Rattez est fraîche, pétillante, drôle, incarnant parfaitement ce rôle d’adolescente que l’on découvre sur les bancs du lycée. Jean-Baptiste Guinchard (Mad Maths), nous prouve une fois de plus avec tellement de générosité son talent, il est drôle, très drôle, mais au-delà de son jeu comique c’est un véritable dramaturge. C’est les yeux remplis de larmes, la gorge serrée et le ventre noué d’avoir partagé cette rupture que l’on retrouve la lumière.
La mise en scène d’Emilie Broust est créative et récréative et laisse toute place au duo. Les mots et jeux de mots sont précis, les films évoqués résonnent, certains plus que d’autres, bien entendu, mais donne incontestablement l’envie de revoir, ces films cultes, ces films avec lesquels nous avons grandi, vieilli, ces films, dont nous connaissons chaque réplique par cœur…
Pas de doute, on a tous en nous quelque chose de Fredo !!!
Émilie Touat