AVIGNON OFF : « SOUTERRAIN BLUES » AU COLLEGE DE LA SALLE
LE BRUIT DU OFF / 15 juillet
« Souterain Blues » de Peter Handke – mis en scène de Xavier Bazin au Collège de la Salle jusqu’au 27 juillet à 11h45.
Yann Colette porte ce texte de Peter Handke et entraine le spectateur sur le chemin d’un homme éperdue de beauté et qui ne voit dans l’autre que laideur, compromis et vacuité.
Avec comme seul décor un vieux néon à la lumière blafarde et un miroir renvoyant le reflet du public tel qu’on peut le voir dans une rame de métro, le spectateur se retrouve face à cet homme et face au semblant de l’image des voyageurs dont cet homme dissèque l’âme par le scalpel des mots.
Sur un texte cynique, fort et acide, il juge, sans circonstances atténuantes et renvoi à la face l’image détestable d’un amoncellement de lâcheté que cet homme perçoit dans l’humanité, seul rempart abject entre lui et la beauté infinie.
Comme un contre balancement à la violence des mots Yann Colette joue plutôt l’ambiguïté des gestes et de l’intonation et emmène malicieusement le public/acteur à aimer se faire malmener de la sorte, le discours est direct et sans artifices. Seul le petit sourire en coin du comédien tantôt moqueur tantôt tonitruant peuvent faire douter du dégoût de cet homme pour tout ce qu’il ne considère pas comme beauté et vérité.
A la première lecture, on pouvait s’attendre à une représentation aussi violente physiquement que le texte de Peter Handke pouvait le laisser imaginer, mais pourquoi donc sur-jouer la violence des mots ? Le parti pris de Xavier Bazin et de Yann Colette est justement d’aiguiser les sens de l’auditoire par un discours plus feutré et donc forcément plus poétique et mieux entendu. Loin d’attendrir, le comédien parvient à faire accepter la vision qu’à cet homme de tout ce qui peut l’éloigner de sa quête et Xavier Bazin en le plaçant seul sur un plateau nu lui offre l’écrin noir de ses tourments et de son immense solitude.
Le seul bémol de ce spectacle reste cet épilogue frisant la rédemption qui sort, sans ménagement aucun, le spectateur comme objet de la pièce pour le renvoyer sur les fauteuils de la salle.
Pierre Salles
Je croyais, d’après vous, que le Collège La Salle était un lieu à éviter systématiquement !…
Si votre fille, cher Henri, jouait dans ce bouge, il faudrait aussi, selon vous, éviter d’aller la voir ??? La Salle est certes un lieu peu recommandable, mais les compagnies qui y jouent n’y sont pour rien.