ESTHER MOLLO, « MARY’S BABY – FRANKENSTEIN 2018 »
« Mary’s baby – Frankenstein 2018 » – Esther Mollo – Présence Pasteur à 16h20 – durée 1h (danse théâtre)
Il est délicat de classer ce spectacle dans une catégorie tant la proposition d’Esther Mollo est pluridisciplinaire. Ceci aussi bien sur la scène où la comédienne joue de tout son corps et tend vers la performance pure qu’au-delà de la scène, lieu souvent purement technique mais qui dans ce spectacle participe avec la comédienne à la création en temps réel du spectacle au travers de vidéos, de sons et de lumières.
Tout le monde connaît le monstre créé par Frankenstein sous la plume de Mary Sheley mais qui connaît l’écrivain et sa vie rocambolesque de jeune femme, fille d’un célèbre économiste et d’une mère précurseur du féminisme et des droits des femmes ? Mais là n’est que le départ de la proposition d’Esther Mollo, très vite la comédienne questionne le public et transpose Mary Sheley à notre époque. Ne sommes nous pas devenus aussi les monstres du Docteur et prêts à toutes les modifications corporelles et génétiques pour braver la vieillesse et la mort ? Corps parfaits mais toujours sans âmes …
Parfois d’un aspect complexe, ce spectacle nous questionne réellement sur l’Homme et sur l’Art et offre au public avignonnais une vraie performance théâtrale, mêlant un travail pointu du corps sur scène au travers de la danse et de son interaction avec la vidéo en temps réel de Jean-Baptiste Droulers qui représente, au-delà des mots, les pensées les plus sombres de Sheley. Esther Mollo propose ici un spectacle ambitieux dans lequel tout est matière au travail de l’artiste. La comédienne a d’ailleurs travaillé le texte de Ricardo Montserrat lui donnant de multiples formes aussi bien orales qu’à travers des vidéos.
Une pièce qui surprend presque dans ce Off où de telles propositions se font rares. Malgré une difficulté d’approche de cette performance qui apparaît parfois opaque, il reste à espérer que le public soit curieux et décide de se laisser porter par la comédienne et son travail en découvrant cette création millimétrée d’Esther Mollo.
Pierre Salles
Photo Antonia Small