« LES YEUX NOIRS », THEÂTRE DES 3 SOLEILS
LEBRUITDUOFF.COM – 18 juillet 2015
« Les Yeux Noirs » jusqu’au 26 juillet Théâtre Les 3 Soleils 22h04.
Après une tournée mondiale, dans les lieux les plus prestigieux, et une absence de plus de vingt ans au festival d’Avignon, « Les Yeux Noirs » reviennent non pas pour conquérir mais pour assouvir un manque et une attente interminable de leur public.
Créé en 1992 par les Eric et Olivier Slabiak, le groupe, dont le talent, les prouesses et la réputation ne sont plus à mettre en avant, nous propose aujourd’hui une composition musicale Tsigano-Rock et Yiddish-Pop.
Il n’est plus alors seulement question de musique traditionnelle acoustique, ce qui leur était reproché par certains détracteurs à leur début, sortis avec un premier prix du Conservatoire Royal de Bruxelles, mais bel est bien le partage d’un héritage musical universel tenant du rêve, porté par les souvenirs multiples des deux frères musiciens.
Un renouvellement permanent et une prise de risque enivrante et généreuse, dans lesquelles transes tziganes , airs nostalgiques et doux, Klezmer et autres folles courses sont transportés aujourd’hui par leur entourage orchestral en harmonie avec leur époque.Batteur, guitariste, bassiste, accordéoniste sont venus parfaire ce duo mêlant des notes comme le free-jazz, le funk trip-hop, beaucoup plus actuelles qu’à l’accoutumée.
Quelques « puristes », pourront dans un premier temps, à la lecture du programme être déstabilisés ? Choqués ? Mais au vue de ce qu’il se passe dans cette salle, force est de constater qu’Olivier et Eric ont plus que réussi leur audacieux pari.Ceux sont tous deux de véritables virtuoses, leurs prouesses nous laissent tout simplement sans voix, les différences, les préjugés, le temps sont comme suspendus, telle une étincelle éblouissante, insaisissable.
Les spectateurs sont tous comme eux, dans une véritable « transe » que l’on comprenne ou non le Yiddish ou le Russe, les mélodies nous envahissent, incessantes, les mains battent le tempo, nous ne pouvons très longtemps rester « immobiles », progressivement l’appel de la danse est si intense que la salle ne peut se contenir. C’est une véritable fête.
L’extraordinaire se produit. Nous sommes tous en communion. Unis, d’un seul est même Cœur. Les violons s’enivrent, s’envolent, prouvant à tous combien la musique du voyage, de l’âme, nous rassemble et nous permet ne serait-ce qu’un court instant cette balade vers le Bonheur. Plus rien n’a d’importance, la performance, l’émotion sont si intense, qu’il suffit de se laisser transporter.
Ce qui nous attriste sans le moindre doute ? Que cette parenthèse enchantée prenne fin. On la voudrait alors, éternelle… Réservation plus que conseillée, « Les Yeux Noirs » font salle comble et ne pourront satisfaire les quelques hésitants.
Emilie Touat